Les cinémas rouvrent mercredi sans que les professionnels du secteur soient parvenus à un accord sur un échelonnement des sorties. Pour beaucoup d’entre eux, relativiser la portée de ce trop-plein revient à en nier les dégâts.
Alors que le monde du cinéma s’apprête à sortir de deux cent un jours d’apnée, la rengaine actuelle sur le trop grand nombre de films lui prête décidément des traits bouffis. «Pleurer la bouche pleine» : c’est ainsi que la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, citée par les Echos, résumait le paradoxe du festin promis aux spectateurs dès le 19 mai, éclipsé dans les discours par la hantise de l’embouteillage à venir (25 % de films de plus que le volume habituel, selon les estimations). Après six mois de régime sec, ne fait-on pas nouvelle plus révoltante que celle d’une overdose de films ? Les professionnels les moins prompts à la célébrer auraient voulu équilibrer les forces en présence. Début mai, l’échec de la mise en place d’un «accord-cadre» entre les distributeurs, autorisé exceptionnellement par l’Autorité de la concurrence et boudé par les acteurs puissants du marché, a mis fin au rêve d’assainir les conditions de sortie des films fragiles face aux locomotives. Parmi les hypothèses mises sur la table, celle de limiter chaque distributeur à deux sorties par mois a même arraché des cris d’orfraie aux participants les plus arc-boutés sur la loi du marché. «Une occasion historique nous était donnée d’anticiper des nœuds de calendrier, déplore Etienne Ollagnier, coprésident du Syndicat des distributeurs indépendants (SDI). L’idée de concertation n’était pas d’imposer quoi que ce soit, mais d’avoir une visibilité sur l’étalement des sorties. La semaine de reprise est une chose, mais c’est à partir de la troisième ou...
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