La diffusion en ligne de leur prestation filmée permet aux artistes de renouer avec la pratique du concert et d’être rétribués.
Vous en avez assez des prestations filmées sur téléphone portable, aux images floues et au son lointain, qui ont envahi les réseaux sociaux pour pallier l’absence de concerts en raison de la pandémie de Covid-19 ? Vous pensez aussi que la gratuité qui y est majoritaire ne doit avoir qu’un temps pour les musiciennes et musiciens ? La Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) vient toutefois d’annoncer la mise en place d’une « rémunération exceptionnelle de droits d’auteurs spécialement adaptée à la diffusion des livestreams ». Trois structures, du côté du jazz, ont eu les mêmes réflexions. Le Maisons-Laffitte Jazz Festival, AdLib-TV, télévision en ligne fondée par un collectif d’artistes, et la radio TSF Jazz permettent ainsi, au même moment, aux artistes de retrouver la pratique presque normale du concert, pas encore devant un public, mais avec des captations filmées professionnellement, et pour des prestations rétribuées.
C’est à l’Ancienne Eglise de Maisons-Laffitte (Yvelines), devenue depuis plusieurs années une salle de spectacles, et dans le jardin attenant, qu’ont été accueillies, les 27 et 28 mai, l’équipe de tournage et les sept formations – dont celles de la batteuse Anne Paceo, du chanteur David Linx, du guitariste Biréli Lagrène, du batteur André Ceccarelli… – qui seront au programme de la « digital edition » du Maisons-Laffitte Jazz Festival, du 12 au 21 juin, aux dates prévues à l’origine. Conditions du direct, avec le concert d’une trentaine de minutes, filmé dans sa continuité, auquel seront ajoutés, pour la diffusion sur le site à 18 heures, des extraits d’entretiens avec les interprètes, les techniciens, l’équipe du festival. En bonus, le 21 juin, un montage d’inédits de chaque formation permettra de recréer une soirée festivalière.
« Pour nous, explique Samuel Strouk, guitariste, compositeur et directeur artistique du festival, il était important, avec le soutien de la mairie et de nos financeurs, que nous puissions proposer un spectacle de qualité, qui rende honneur aux artistes. Nous avons utilisé une partie du budget du festival pour les coûts de production, maintenu les cachets, même s’ils sont moins importants que pour un concert normal avec billetterie. »
« Petite utopie »
La batteuse Anne Paceo, programmée samedi 13 juin, a accepté tout de suite la proposition du festival, en premier lieu pour « pouvoir enfin rejouer ensemble, après cette longue période. Et cela a été un immense bonheur. Nous étions très émus aussi ». Elle a profité du temps du confinement pour composer de nouvelles musiques, que son quintette fera découvrir à cette occasion.
Retrouver les sensations de l’acte créatif dans l’instant de l’échange du concert, si fondamental pour le jazz, a aussi été le moteur, le 4 juin, de la prestation du trio Sweet Dog, l’un des groupes qui participent aux concerts hebdomadaires, chaque jeudi à 19 heures, depuis le 14 mai et pour l’instant jusqu’à mi-juillet, diffusés en direct par AdLib-TV. C’est depuis Le Nouveau Prétexte, lieu de création pluridisciplinaire et de résidence à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), que sont diffusés ces concerts. « Avec, pour chaque groupe, une mise en scène spécifique, un travail sur les lumières », explique la chanteuse et compositrice Ellinoa, à l’origine, avec quatre camarades, de cette...
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