Une étude Médiamétrie réalisée en juin fait apparaître que la crise sanitaire a profondément modifié les habitudes culturelles : 48 % des Français ne vont pas ou plus au spectacle et 23 % y vont moins souvent.
Les théâtres se remettent avec peine de l’impact de la crise sanitaire sur les pratiques culturelles. Depuis leur réouverture, le 19 mai 2021, les salles de spectacle, à l’instar des cinémas, enregistrent une baisse de leur fréquentation. Pourquoi une partie des spectateurs n’est-elle pas revenue ? Quels sont les freins et les motivations à reprendre le chemin des théâtres ? Comment renouer avec le public d’avant le Covid-19 ?
Pour tenter de répondre à ces questions, l’Association pour le soutien du théâtre privé (ASTP, qui regroupe soixante-dix salles à Paris et en région, et une trentaine de producteurs-tourneurs) a commandé à Médiamétrie une enquête sur « les Français et leur perception du théâtre », réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 1 500 internautes, du 17 au 28 juin. C’est la première fois que ce type d’étude est menée, et force est de constater qu’une partie du public traditionnel n’est plus au rendez-vous.
Globalement, au cours des douze derniers mois, 53 % des Français ont assisté à un spectacle vivant – concert, théâtre, cirque, one-(wo)man-show, comédie musicale, danse, opéra – et 27 % sont sortis au théâtre, qu’ils fréquentent des salles privées ou publiques. Mais 71 % des internautes interrogés déclarent aller moins au théâtre depuis leur réouverture. Dans le détail, 48 % n’y vont pas ou plus et 23 % y vont moins souvent.
« Public plus jeune »
Les motifs de cette désaffection font apparaître un public marqué par les changements d’habitudes liés à la pandémie, mais aussi confronté à la problématique du pouvoir d’achat. Ainsi, à la question : « Pour quelles raisons n’allez-vous plus au théâtre ou y allez-vous moins souvent ? », le prix des places, jugé trop cher, arrive en tête des réponses, suivi par le réflexe de « rester chez soi depuis la crise sanitaire » et le manque de proximité d’un lieu.
A l’inverse, les 29 % de spectateurs qui vont autant ou plus souvent au théâtre qu’avant justifient leur motivation par l’envie de « sortir de chez soi et de son quotidien », de « profiter d’un moment avec [s]es proches » et de « ressentir et partager des émotions ».
Autre donnée marquante de cette enquête, le profil des spectateurs évolue. « Depuis le Covid, les publics traditionnels du théâtre (femmes et seniors) ne sont plus au rendez-vous. On assiste à une diminution des baby-boomeurs, qui portaient auparavant la dynamique de fréquentation, constate Anne-Claire Gourbier, déléguée générale de l’ASTP. Néanmoins, la bonne nouvelle est l’émergence d’un noyau de public plus jeune. » L’âge moyen est désormais de 41,2 ans, 58 % sont des hommes et 38 % appartiennent à des catégories socioprofessionnelles supérieures.
Lueur d’espoir
Interrogés sur leur perception du théâtre, les internautes jugent cette sortie culturelle onéreuse (68 % des répondants), citadine (64 %), intellectuelle (60 %) et réservée aux classes aisées (56 %). Le regard porté sur cette pratique culturelle diffère d’une génération à l’autre, 38 % des seniors la jugeant « de qualité », tandis que 31 % des lycéens et étudiants la considèrent « ennuyeuse ».
Anne-Claire Gourbier (Association pour le soutien du théâtre privé) : « La fermeture des lieux
pendant la crise sanitaire a accéléré l’érosion des publics habituels »
Mais il reste une lueur d’espoir, car 56 % des Français souhaiteraient y « aller davantage ». Parmi les leviers qui pourraient leur donner envie, ils citent « des périodes dans l’année avec des tarifs avantageux », des lieux plus « accueillants et confortables », « des pièces avec des acteurs ou actrices connu(e) s », ou encore « une version d’Allociné pour le théâtre ». Ceux qui s’y sont rendus au cours des douze derniers mois attribuent une note moyenne de satisfaction de 7,6 sur 10 à leur sortie théâtrale, et 75 % d’entre eux ont partagé leur expérience auprès de leurs proches (60 %), de leurs collègues (19 %) ou sur les réseaux sociaux (15 %).
Les réseaux sociaux sont d’ailleurs devenus quasiment autant prescripteurs (37 % des personnes interrogées ont eu connaissance des spectacles à l’affiche grâce à eux) que le bouche-à-oreille (38 %) et la télévision (39 %). Pascal Guillaume, président de l’ASTP et directeur du Théâtre Tristan-Bernard, à Paris, n’est pas étonné que le petit écran arrive en tête : « Quand une pièce est mise en avant dans des émissions telles que “Télématin”, le journal de 13 heures ou “C à vous”, on voit tout de suite l’impact en matière de réservations. »
Pour consulter des informations sur le théâtre et acheter des billets, le site de...
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