C'est le retour des deux plus grands rendez-vous de théâtre de l'Hexagone, le 29 juin pour le In et le 3 juillet pour le Off, en amont des vacances scolaires pour cause de JO. D'où la crainte de perdre des visiteurs, d'autant que se greffent les législatives en ce début de festival.
Peut-on parler de tout sur scène ? La réponse est oui pour 60 % des 1.500 sondés de l'étude « Les Français et le théâtre » réalisée par Médiamétrie pour l'Association pour le soutien du théâtre privé . Cela tombe bien car tous les sujets d'actualité seront abordés au Festival d'Avignon, dans les rues de la Cité des papes.
« L'enjeu va être d'inciter les spectateurs à voter sans pour autant les perdre pour le festival, car nous débutons entre les deux tours des élections. Avignon est souvent un porte-voix, une force de résistance, avec 12.000 artistes et techniciens réunis ; nul doute que la semaine du 1er juillet, la mobilisation sera grande. Et jusqu'au 7 juillet, nous allons nous battre contre le Rassemblement national », avertit Pierre Gendronneau, directeur délégué du Festival In, dont le coup d'envoi est le 29 juin.
Le Festival Off ouvrira, lui, le 3 juillet, les deux constituant le plus grand rendez-vous de théâtre aux 60 millions d'euros de retombées économiques, doublé d'un immense marché avec près de 1.700 spectacles proposés.
Débuts délicats
L'autre défi est l'avancée du calendrier de ces événements. « Du fait de la tenue des Jeux Olympiques et Paralympiques, le Off débute plus tôt cette année, alors que les vacances scolaires n'auront pas commencé. Nous redoutons des débuts difficiles du fait du manque de public et d'un plus faible nombre de professionnels [les enseignants fournissent de gros contingents, NDLR] et avons demandé au gouvernement la mise en place d'une aide spécifique sans obtenir gain de cause », explique La Scène Indépendante, un syndicat dont les membres présentent 148 productions à Avignon.
Le In et le Off ont deux modèles économiques très différents - plus fragile pour le second - et des circuits de diffusion complémentaires.
Le Off plus fragile
Le In, c'est le règne du théâtre public, avec 35 productions ambitieuses à l'affiche, jouées dans quatorze lieux et attirant 120.000 spectateurs pendant trois semaines.
« 85 % des spectacles sont des créations mondiales, à l'instar de « Hecube, pas Hécube », une pièce pour la Comédie française de Tiago Rodrigues , le directeur du In », précise Pierre Gendronneau.
Le budget de 17 millions d'euros du In est alimenté à 55 % par les subventions de l'Etat (4 millions) et des collectivités territoriales, le reste par la billetterie, les tournées, le mécénat qui n'a cessé de croître, de la part de grandes entreprises comme Hermès, le Crédit coopératif, Van Cleef & Arpels, AXA France, comme de 40 PME locales et de 120 donateurs individuels. Une part de l'équipe de 35 permanents parcourt les scènes françaises et étrangères durant l'année à la recherche du meilleur, rapportant dans ses valises 55 % de projets internationaux. Des créations, souvent assez pointues, aux durées parfois fleuves, aux scénographies singulières.
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