En déficit, le Festival international d’art lyrique avait besoin d’un apport important pour assurer sa survie. L’État et les collectivités locales ont trouvé un accord pour le financer, en échange d’efforts importants afin d’assainir ses comptes.
Le boulet n’est cependant pas passé loin. Courant février, la direction du festival prévient le ministère de la Culture qu’il se trouve dans une situation financière tendue. Un audit « flash » mené par l’Inspection générale des affaires culturelles révèle l’ampleur des dégâts – un déficit de 2,2 millions d’euros en 2023 et presque autant pour cette année – et la nécessité de recapitaliser d’urgence la manifestation. Les collectivités locales unies pour l’occasion souhaitent que l’État mette a minima 1,5 million d’euros sur la table pour faire à leur tour un effort. Mais le ministère de la Culture ne l’entend pas de cette oreille. Son budget vient d’être ponctionné de plus de 200 millions d’euros par Bercy, la nouvelle tombe donc mal. Surtout, l’audit montre que le déficit n’arrive pas de nulle part, mais d’une importante augmentation des coûts de programmation et d’une surestimation des recettes de mécénat révélées très tardivement.
Finalement, le ministère dicte ses conditions : oui à un apport financier d’urgence, mais à condition que l’État et les collectivités locales soient à égalité. Ce n’est pas tout. L’argent sera versé sous la forme d’une avance de fonds remboursable, pas d’une traditionnelle subvention comme c’est généralement le cas. Le ministère demande enfin au festival de trouver un apport en mécénat supplémentaire de 850 000 euros et de mettre en place un plan d’économies drastique d’un million d’euros.
Restreindre les ambitions
Le Festival d’Aix-en-Provence sauve ainsi sa saison estivale mais sera contraint de réduire singulièrement ses ambitions pour les prochaines éditions. Ce qu’admet son directeur général, Pierre Audi, qui sort de son silence dans le quotidien La Provence : « La voilure doit changer, elle sera moins ambitieuse […]. On va réorganiser nos programmes, ce qui ne veut pas dire plus petit mais plus resserré. On peut imaginer des représentations en moins, moins de productions et les jouer plus longtemps. On va restreindre notre budget artistique. »
Reste que cet épisode laissera des traces. De nombreuses critiques s’élèvent désormais, dénonçant la dérive financière de cette grande institution du lyrique, et chacun se renvoie allègrement la responsabilité de la situation. Les uns pour dénoncer « la folie des grandeurs » de Pierre Audi. Les autres, l’absence d’un contrôle de gestion interne assez rigoureux. D’autres encore, des tutelles trop éloignées du terrain et pas suffisamment regardantes sur la manière dont sont utilisées les subventions publiques.
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