
Des stars du cinéma comme Juliette Binoche, Jean Dujardin, Gilles Lellouche, des producteurs et des agents se sont succédé devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les violences dans la culture qui rend son rapport mercredi 9 avril.
Six mois d'auditions sous tension, 350 personnalités interrogées...Créée à l'appel de Judith Godrèche, la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les violences dans la culture rend ce mercredi 9 avril, un rapport très attendu qui doit tirer les leçons de #MeToo. Stars du cinéma (Juliette Binoche, Jean Dujardin...), producteurs ou agents se sont succédé devant la commission présidée par l'écologiste Sandrine Rousseau, qui va livrer ses préconisations pour assainir un milieu accusé d'ignorer la parole des victimes.
Fer de lance de #MeToo en France, Judith Godrèche a ainsi fait de son audition début décembre un plaidoyer contre « l'impunité » qui régnerait dans le milieu du cinéma et son « inaction ». C'est à sa demande que la commission d'enquête avait vue le jour au printemps 2024 avant de devoir suspendre ses travaux à cause de la dissolution. « Il n'y a pas une personne de mon passé qui ait une place établie dans la société du cinéma - donc, entre guillemets, du pouvoir - (...) qui m'a écrit depuis que j'ai parlé (de violences sexuelles)», a déploré l'actrice de 53 ans, qui a déclenché une tempête début 2024 en accusant de viols les cinéastes Jacques Doillon et Benoît Jacquot.
Devant la commission, l'actrice doublement césarisée, Sara Forestier a, elle, décrit en novembre comment le fait de dire «non» l'avait protégée « des metteurs en scène qui voulaient coucher (avec elle) en (la) menaçant de (lui) retirer un rôle ». «Jusqu'au jour où il y a eu le “non” de trop, celui qu'on m'a fait payer », a-t-elle expliqué, racontant comment elle avait dû quitter un tournage en 2017 après avoir été, selon ses dires, giflée par un acteur, identifié plus tard comme étant Nicolas Duvauchelle.
« Ne pas avoir envie de voir »
Jean Dujardin, Gilles Lellouche ou Jean-Paul Rouve, comédiens de premier plan parfois accusés de frilosité sur le sujet des violences sexuelles, ont reconnu ne pas voir « forcément tout » sur un tournage et « peut-être (ne pas avoir) eu envie de voir ». « Je ne pouvais pas imaginer ce que (les actrices) subissaient, ni jusqu'où ça pouvait aller », a témoigné Jean-Paul Rouve lors d'une audition à huis clos mi-mars. «On ne voit pas forcément tout et on n'a peut-être pas envie de voir. Je pense que le mouvement #MeToo aura été utile de ce point de vue là», a estimé Jean Dujardin. « Si je dois faire une radioscopie de mes comportements, c'est sûr que j'ai dû être lourd, c'est évident », a, pour sa part, reconnu Gilles Lellouche.
L'audition mi-mars de l'ex-agent des stars Dominique Besnehard a fait entendre une voix dissonante sur #MeToo. « Quand j'étais agent, j'ai vu des actrices un peu dépasser les bornes. On ne va pas dans un hôtel avec un metteur en scène. Excusez-moi, (Harvey) Weinstein (producteur visé en 2017 par des accusations de viols et d'agressions sexuelles qui ont lancé MeToo, NDLR) qui allait à Cannes, certaines actrices allaient dans sa chambre pour peut-être faire une carrière américaine », a-t-il lancé.
#Metoo au théâtre
La toute dernière audition de la commission a fait l'effet d'une déflagration au Théâtre du soleil, fondé en 1964 par la metteuse en scène Ariane Mnouchkine. Fin mars, la comédienne Agathe Pujol a déclaré avoir été victime d'une tentative de viol commise fin 2010 par un comédien de cette troupe et a décrit une « pression sexuelle constante » qui y serait exercée par les comédiens. Le Soleil a réagi en exprimant «sa sidération» et lancé une...
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