La campagne pour les législatives anticipées n'a guère inspiré les partis politiques pour parler de culture. « La Gazette » a néanmoins recensé quelques propositions dans les documents programmatiques et sollicité les partis.
La campagne électorale, inattendue et rapide, a manifestement pris de court les partis en matière de politique culturelle. La lecture des différents documents programmatiques ne donne que des informations partielles sur les intentions des principaux partis susceptibles d’arriver aux affaires, seuls ou dans le cadre d’une alliance. Renaissance et Les Républicains ont même fait l’impasse sur le sujet dans leurs programmes respectifs. Faire un comparatif s’avère donc impossible.
Certes, la faible exposition de la culture dans les campagnes électorales n’a rien de nouveau. « Elle remonte au moins à une vingtaine d’années, se remémore Philippe Teillet, maître de conférences en sciences politiques à l’IEP de Grenoble et spécialiste des politiques culturelles. Mais, en 2022, nous disposions, malgré tout, d’éléments de programme. Cette fois-ci, la rapidité de la campagne rend difficile l’élaboration d’un programme sur la culture. »
Rassemblement national : priorité au patrimoine
Le Rassemblement national développe par le menu détail sur sa plateforme en ligne la politique patrimoniale qu’il appelle de ses vœux (lire encadré). Le parti de Jordan Bardella entend donner à ce domaine « une place majeure dans le programme de redressement moral du pays ».
De 330 millions d’euros actuellement, le budget consacré à l’entretien et la restauration du patrimoine passerait à 1 million d’euros, soit un triplement, avec le vote d’une loi de programmation dédiée à ce secteur. Principaux objectifs : procéder à un vaste programme de remise en état du patrimoine « dans son intégralité » et renforcer le « lien patrimoine-nation » par l’instauration d’un service national dédié, ouvert aux jeunes de 18 à 24 ans, en contrepartie d’une indemnité, et l’enseignement du patrimoine à l’école.
En revanche, le RN, que nous avons sollicité en vain, ne dit rien sur les nombreux autres secteurs culturels : spectacle vivant, arts visuels, enseignements artistiques etc. Rien non plus sur la lecture publique et les bibliothèques.
Nouveau Front populaire : 1 % du PIB pour la culture
Dans son programme, le Nouveau Front populaire se concentre, pour sa part, sur l’augmentation du budget « culture » qui serait porté à 1 % du PIB. Ce qui permettrait de financer « le service public des arts et de la culture ».
La gratuité des musées nationaux, la consolidation et l’amélioration de la protection sociale des intermittents du spectacle, et l’instauration d’un revenu pour les artistes-auteurs privés de ressources pendant leur travail de création constituent les mesures phares de la coalition de gauche.
Répondant aux questions de » La Gazette », l’ex-députée Sarah Legrain a précisé que le financement des mesures en faveur du patrimoine serait inclus dans le 1 % du PIB. Par ailleurs, l’ancienne parlementaire parisienne nous a indiqué qu’il s’agirait, pour le Nouveau Front populaire, de rééquilibrer la répartition des crédits « patrimoine », entre les projets phares (type rénovation du château de Villers-Cotterêts, devenue la Cité internationale de la francophonie) et les autres plus modestes, pour lesquelles « l’Etat se repose beaucoup trop sur les collectivités ».
Concernant le spectacle vivant, « victime des coups de rabot budgétaires » du gouvernement sur les grands équipements nationaux, le Nouveau Front populaire compte regarder du côté du Pass culture, dont les crédits n’ont pas été touchés par les mesures d’économies. « A minima, il faudra évaluer de près le Pass culture, prévient Sarah Legrain. Pour le Nouveau Front populaire, ce dispositif constitue indirectement « un transfert de fonds publics vers les industries culturelles ». Lors de sa révision, « il faudra mettre accent sur la médiation et le principe d’une tarification avantageuse pour les jeunes », poursuit l’ex-députée.
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