Près de 100 millions d’euros pourraient être dégagés d’ici à 2027 pour améliorer l’accès aux activités culturelles dans les campagnes. Sa mise en pratique reste suspendue à la formation d’un prochain gouvernement.
« Il faut que le ministère de la culture désenclave », avait proclamé Rachida Dati, en janvier, lors d’un déplacement à Nontron (Dordogne) dans le Périgord, où elle avait annoncé une grande concertation sur l’offre culturelle en milieu rural. Au printemps, quelque 35 000 contributions en ligne émanant d’élus locaux, d’habitants et d’acteurs culturels, enrichies par des entretiens menés sur le terrain, ont été synthétisées sous la forme d’une feuille de route sur quatre ans, validée par Bercy malgré certaines réserves. Maintes fois ajournée avant d’être fixée au 4 juillet, l’annonce de ce plan de bataille a finalement fait les frais de la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, le 9 juin.
Pour la Rue de Valois, cependant, cette consultation ne devrait pas partir en fumée. L’entourage de Rachida Dati a d’abord songé prendre date entre les deux tours des législatives, mais braquer le projecteur sur le sentiment d’abandon et de décrochage dans les zones rurales risquait de conforter l’extrême droite. Le ministère de la culture a finalement choisi d’attendre le jeudi 11 juillet pour dévoiler l’enquête. Astuce politique : la moitié du document est néanmoins consacrée aux actions déjà soutenues par l’Etat en faveur de ces territoires périphériques, depuis les Micro-Folies jusqu’au plan Fanfare lancé en 2021.
Même si la ficelle politique paraîtra grosse, la réalité est incontestable. A bas bruit, les militants de la culture n’ont pas attendu Rachida Dati pour mailler le territoire. A défaut de scènes labellisées, rares en zones rurales, les campagnes comptent 72 % des bibliothèques et 55 % des monuments historiques. Plus que le manque d’offre, un manque de visibilité remonte du terrain. Surtout, la culture est bien souvent hors de portée : 35 % des répondants trouvent les lieux culturels trop éloignés et 42 % jugent le prix des billets trop élevé. Pour pallier le problème central de la mobilité, des itinérances ont été mises en place. Mais elles ne bénéficient qu’à moins d’un habitant sur deux : seuls 12 % ont profité des bibliobus, à peine 10 % du cinéma itinérant.
Attentes locales
Autre enseignement de l’enquête : les propositions ne correspondent pas toujours aux attentes locales. Les habitants aimeraient ainsi être davantage associés à la programmation culturelle et réclament des contenus plus festifs et accessibles. Ils sont 44 % à vouloir des concerts, 33 % des parades, des fêtes et des carnavals et 28 % des projections de films. Signe que ce qui fait culture va bien au-delà de l’offre institutionnalisée. Quant aux élus, souvent découragés par le parcours du combattant des demandes de subventions, ils souhaitent un accompagnement dans l’ingénierie culturelle, des mutualisations et un travail en réseau.
Prenant acte de ce constat en demi-teinte, la Rue de Valois a élaboré un plan d’investissement d’environ 98 millions d’euros, dont 13 millions pourraient être puisés cette année dans le programme France 2030. L’éventail des vingt-trois mesures proposées couvre aussi bien le patrimoine que la création. S’agissant des monuments historiques, dont 46 % se situent dans les communes de moins de 2 000 habitants, l’Etat envisage d’en faciliter la gestion quotidienne pour les propriétaires gestionnaires privés. Reconnaissant les demandes en pratiques festives, l’Etat promet d’apporter son soutien aux projets associatifs locaux, instruits par les directions régionales des affaires culturelles (DRAC), pour des montants de 1 000 à 7 000 euros par projet.
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