Juin et juillet sont traditionnellement des mois forts pour le patrimoine et le spectacle vivant. Aujourd’hui, tout ou presque est repoussé. Rachida Dati compte tout de même exploiter les marges de manœuvre qui lui restent.
Le mois de juin, qui promettait d'être tonitruant pour la Culture, est en train de se transformer en totale traversée du désert. Certes, le secrétaire général du gouvernement a autorisé Rachida Dati à prononcer un discours sur l'intelligence artificielle, au forum Entreprendre dans la Culture – à la condition expresse qu'il ne comporte pas d'annonces. Pour le reste… Les déplacements et leur cortège de prises de parole devraient être réduits à la portion congrue. En dehors, il va de soi, de ceux liés à la campagne pour les législatives, pour lesquels la ministre est déjà sollicitée.
Les dossiers de fond - politique de grands travaux, patrimoine parisien, loi sur l'audiovisuel public, négociations budgétaires… - sont, eux, partis pour prendre la poussière, au moins jusqu'au 8 juillet. «À cette date-là, on basculera dans les Jeux olympiques, et plus rien ne sera vraiment possible», soupire-t-on dans les milieux culturels. À cette date-là, la ministre de la Culture n'est même plus assurée de rester à son poste. «On verra, tout est possible», veulent croire ses amis, en dépit du visage décomposé de Rachida Dati sur les plateaux de télévision, au soir de l'annonce de la dissolution.
Parmi les dossiers qui risquent de prendre le bouillon, ou d'être décalés, il y a bien sûr la loi sur la réforme de l'audiovisuel public, qui devait arriver à l'Assemblée nationale le lundi 24 juin. Ou la mise en place de sanctions pour les activistes jetant régulièrement de la soupe sur les œuvres d’art. Le report du projet présidentiel de vitraux contemporains pour Notre-Dame de Paris, est lui aussi probable. Cinq candidats vitraillistes, sur les quatre-vingt-trois en lice, devaient être présélectionnés dans la troisième semaine de juin – leur tour attendra, d'autant que ces vitraux sont prévus en 2026.
En période de réserve
Les discussions sur le budget 2025 de l'État, qui démarrent classiquement en juin, sont par ailleurs suspendues. «Pourtant, beaucoup de choix d'avenir en découlent», remarque un proche de la ministre. Cette dernière, qui n'avait pas vu venir une baisse de 200 millions d'euros pour son budget 2024, voulait cette fois-ci, monter au créneau. Avec l'idée d'imposer des schémas directeurs d’investissements sur plusieurs années, notamment pour le musée du Louvre ou celui d'Orsay, qui réclament tous deux de grands travaux. II y aurait eu de quoi donner une perspective à ces établissements, et permettre à Rachida Dati de laisser une empreinte sur Paris – ville qu'elle brigue pour les élections municipales de 2026.
Mais «les grands travaux culturels, qui font naître des idées de dépenses publiques, et raniment la querelle entre Paris et la province, ne peuvent même pas être un sujet de campagne électorale» analyse un élu LREM.
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