La ministre de la Culture fait le point avec La Gazette sur les principaux sujets d'actualité. Elle précise aussi sa vision des relations entre l'Etat et les collectivités en matière de politiques culturelles.
Rebond de la pandémie, fréquentation encore faible, équilibre financier incertain… Partagez-vous l’inquiétude des acteurs culturels ?
Si la reprise est tangible, elle est effectivement fragile. La crise sanitaire n’est pas terminée.
Cependant, les acteurs culturels, quels que soient leur niveau de responsabilité et leur position – élus locaux, professionnels, artistes – savent très bien que l’Etat a été puissamment présent, et d’une façon unique au monde.
Les chiffres sont impressionnants : entre les aides sectorielles et transversales, la prise en charge de l’année blanche des intermittents, et le volet «culture» du plan France Relance, le soutien de l’Etat à la Culture représente un effort de 13,6 milliards d’euros depuis le début de la crise. Tout cela s’ajoute aux crédits du ministère, qui sous mon égide, ont augmenté respectivement de 4,4% en 2021 et 7,5% en 2022.
L’évolution de la situation en 2022-2023 reste une inconnue. Maintiendrez-vous les dispositifs d’aide au-delà du 31 décembre 2021 ?
Il y a deux façons d’aborder l’avenir. Serons-nous dans une sortie de crise lente, avec un retour progressif à la normale ? Dans ce cas, nous suivrons les évolutions du secteur au jour le jour. Les mesures de soutien sont là, et nous les poursuivrons tant qu’elles seront nécessaires.
On peut aussi se demander si la crise n’a pas exacerbé des mutations déjà sous-jacentes : par exemple la révolution numérique, les nouvelles habitudes liées aux nécessités écologiques, les nouveaux modes de vie, comme le télétravail, qui modifie les habitudes de sorties culturelles lorsqu’on habite loin des centres urbains. Autant de mutations qui appellent des mesures d’ordre structurel.
Mais ces mutations étaient déjà en débat et étudiées avant 2020 …
Certes. Mais les moyens qui y avaient été consacrés étaient insuffisants. On en était resté au diagnostic, car on estimait pouvoir avoir du temps. La crise sanitaire a complètement changé la perspective.
Il faut des moyens inédits, que nous avons commencé à mettre en œuvre : il convient en effet d’une part, de jouer sur la demande, par des mesures de démocratisation culturelle, avec, entre autres, le pass Culture et le développement de l’éducation artistique et culturelle ; et, d’autre part, de travailler sur l’offre, pour l’adapter aux nouvelles pratiques, ce que nous faisons notamment avec le ...
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