A l'occasion des 3 es Etats généraux des festivals, Roselyne Bachelot lance une charte du développement durable. Les 10.000 festivals recensés en France devront s'y soumettre pour bénéficier du soutien de l'Etat.
Roselyne Bachelot rallonge la note. L'an prochain, ce sont 10 millions d'euros d'aides en plus que le ministère de la Culture versera aux festivals, soit 45 millions, contre 35 millions octroyés en 2019 à 757 événements. La ministre en a fait l'annonce mercredi à Toulouse, lors des 3es Etats généraux des festivals.
Depuis la crise sanitaire, elle multiplie les attentions, dont le fonds d'urgence de 30 millions, afin de maintenir cet écosystème prêt à repartir. Car l'annulation des festivals a fait perdre entre 2,3 et 2,6 milliards à l'économie.
A la fois vigilant aux concentrations éventuelles que la pandémie pourrait engendrer mais très présent jusqu'ici auprès de gros festivals à l'aura nationale et internationale, le ministère veut désormais accompagner des festivals de plus petite envergure mais conditionne ses aides à la fois au respect de normes éthiques, à l'intérêt général du projet artistique et à la signature d'une charte de développement durable.
S'attaquer aux déplacements des fans
Si les festivals ne sont plus dans le déni de leur empreinte carbone, leur démarche écologique se limite encore à l'utilisation de matériaux recyclables et de circuits courts. Cela pèse peu. Il va falloir s'attaquer à l'essentiel : les déplacements, en incitant le public à recourir aux modes de transport les moins polluants.
Pas simple pour les manifestations dont les spectateurs sont largement extérieurs à leur région d'implantation comme Tomorrowland à Tignes, Worldwide à Sète, ou le Hellfest dans les Pays de la Loire…
Cartographier les festivals
Ces Etats généraux sont aussi l'occasion d'affiner la cartographie de ces événements, grâce au travail mené depuis plusieurs années par une équipe de chercheurs du CNRS dirigée par Emmanuel Négrier et Aurélien Djakouane, auteurs de l'ouvrage « Festivals, Territoire et Société ». Leur dernière conclusion : on recenserait finalement plus de 10.000 festivals, toutes disciplines confondues (musique, théâtre, danse, cirque, cinéma, livre…).
Un petit nombre de locomotives, 6 %, font plus de 50.000 entrées, tandis que 22 % attirent 10.000 à 50.000 spectateurs et que 56 % n'atteignent pas les 5.000. «L'offre culturelle est ainsi très bien distribuée géographiquement et très rurale, contribuant largement à l'aménagement du territoire, même si les propositions récentes sont très centrées sur les métropoles», constate Emmanuel Négrier.
Economie mixte
Dans ce foisonnement, le modèle dominant est celui de l'économie mixte, singularité française. «Ce qui fait peser une incertitude sur les subventions publiques qui risquent d'être revues à la baisse avec la crise, car les collectivités auront d'autres priorités, tandis que les ressources privées souffrent aussi : le financement participatif ne fonctionne pas, le sponsoring s'est effondré, et le mécénat a tendance à se retirer des événements annulés», poursuit Emmanuel Négrier, évoquant de possibles tensions pour les ...
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