Dans le cadre du 75ème Festival international de Cannes, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a présenté une étude sur les raisons du passage à vide que connaissent les salles. De quoi éclairer la gestion des cinémas municipaux ou paramunicipaux.
Inconfort du masque en espace clos, peur d’une contamination… Dans un premier temps, les restrictions sanitaires qui ont suivi les confinements de 2020-2021 dus à la pandémie de covid-19 ont largement expliqué l’effondrement de la fréquentation. Mais un an après, malgré un retour à la normale dans les lieux culturels depuis le 14 mars 2022 et une légère reprise de la fréquentation, les gestionnaires de salles de cinéma restent à la peine.
Un phénomène que le Centre national du cinéma et de l’image animé (CNC) a cherché à comprendre. Le 23 mai, dans le cadre du Festival de Cannes, les responsables de l’établissement public ont présenté une enquête intitulée Pourquoi les Français vont-ils moins souvent au cinéma ?
Des entrées en chute de 23% malgré le retour à la normale
Le constat est alarmant. Sur le mois d’avril 2022, premier mois sans aucune restriction sanitaire, la baisse de la fréquentation, par rapport à 2019, est de – 23%.
C’est certes un mieux par rapport à janvier 2022 (les restrictions n’ont été levées que le 14 mars suivant), où la chute des ventes de billets s’établissait à – 42%. Mais « depuis la réouverture des salles le 19 mai 2021, [on constate] une fréquentation en retrait de 28 %par rapport à 2017-2019 », soulignent les auteurs de l’étude.
Seules une perte d’habitude et l’émergence de nouvelles perceptions de la sortie au cinéma peuvent expliquer la persistance d’un affaiblissement de la fréquentation.
Le prix du billet de cinéma 2ème motif de repli
C’est ce que montrent les réponses des personnes interrogées sur les raisons de leur désertion (ou leur moindre fréquentation) des salles : ainsi, si la perte de l’habitude arrive en tête des motifs dans 38% des cas, le prix du billet et la concurrence des autres supports (plateformes d’abonnements ou de téléchargement à la demande), jouent respectivement, pour 36 et 26%. Des facteurs naturellement plus ou moins prégnants selon les tranches d’âge, que l’étude analyse par ailleurs en détails.
En tout état de cause, au vu de l’analyse détaillée des données chiffrées, les auteurs insistent sur « une perte d’habitude qui est la conséquence directe de la crise. » Au total, chez les 25-59 ans, ce sont « près de 5 spectateurs sur 10 n’ont pas renoué avec leurs habitudes pré-Covid. »
Les cinémas indépendants moins durement touchés que les grands réseaux
Même si elles-aussi subissent de plein fouet la chute de la fréquentation, les salles indépendantes semblent malgré tout faire mieux que les grands circuits de cinémas. Ainsi en 2021, la désertion de leur public s’établit à – 28% par rapport à 2017-2019, là où les circuits s’effondrent à – 64%.
Du côté des salles labellisées Art et essai, la baisse est également moindre que pour les grands circuits (-49%, contre -57%), même si la situation « n’est pas mirobolante », comme s’en inquiète François Aymé, le président de leur fédération.
Quant à l’analyse territoriale, elle montre « une baisse légèrement plus marquée en petite couronne (-59%) par rapport à la grande couronne [des agglomérations] ou les communes de moins de 20 000 habitants (-50% pour les deux catégories). »...
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