Alors qu’il fait peu de doute que le festival de métal, prévu fin juin, sera annulé, Ben Barbaud, son directeur, demande à l’État de «stopper l’hémorragie» et critique son contrat d’assurance à 200 000 euros.
« On en a marre de se faire balader ! ». C’est le coup de gueule de Ben Barbaud, le patron du Hellfest, à Clisson (44), à l’égard non seulement de l’Etat mais aussi des assureurs. Pandémie oblige, l’annulation de l’édition 2020 – Ben Barbaud préfère parler de report – devrait être annoncée officiellement dans les prochains jours. Même s’il a eu recours à une assurance annulation, couvrant les pandémies, il touchera probablement… zéro indemnisation.
Dans un entretien à Ouest-France, Ben Barbaud explique : « Nous avons eu la chance début décembre 2019 – tous les festivals n’ont pas la trésorerie – de signer de manière anticipée un contrat d’assurance à hauteur de 200 000 euros. Il comprenait une clause d’annulation prévoyant la prise en charge des frais du Hellfest en cas de pandémie. Quand on les a rappelés au début de l’épidémie, ils nous ont juste envoyé un courrier pour nous dire qu’ils avaient trouvé une faille. Que cette épidémie ne serait pas couverte car il s’agissait d’une pneumonie atypique et qu’un paragraphe dans leurs clauses stipulait que ces dernières n’étaient pas couvertes… C’est une honte, c’est du vol ! Bref, ce sont des lectures de contrat. Tous les commerces s’en plaignent en ce moment, les assurances font tout pour se dédouaner. Mais on ne va pas se laisser faire. On va partir en procédure, cela va durer trois ou quatre ans, ils vont s’en mettre plein les poches en gardant notre argent au chaud… Mais on ira au bout. Mais le nœud du problème aujourd’hui, c’est que si on doit annuler, il nous faut un cadre légal. Car si c’est moi qui prends la décision d’annuler le Hellfest, on n’aura droit à rien. »
Visiblement très remonté – et on le comprends ! –, le directeur n’est pas plus tendre à l’égard de l’Etat :
« Cela fait trois semaines qu’on essaie de rentrer en contact avec le ministère de la Culture, avec le ministère de l’Economie, avec le préfet… Par tous les moyens. Et je ne comprends pas qu’on n’arrive à avoir personne au téléphone ! Si le ministère pouvait s’occuper d’autres structures que le seul opéra de Paris… Non mais là, c’est du clientélisme ! Trois semaines qu’on nous balade donc j’estime qu’on a été assez patient. Ils semblent oublier qu’on est le plus grand festival de musiques actuelles de France. On aimerait être considéré et avoir des réponses à la hauteur de l’événement qu’on organise ! […] Je ne demande pas d’argent, ni de chèque pour couvrir nos dépenses, je demande un cadre légal et un décret qui dise officiellement que les festivals seront annulés cet été. Avec une date butoir, pour pouvoir annuler nos contrats avec les artistes. Car inévitablement, et je ne parle pas pour nous, certains vont y laisser des plumes. »
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https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/clisson-pas-de-hellfest-en-2020-ben-barbaud-demande-a-l-etat-de-stopper-l-hemorragie-0aded38e-7684-11ea-8ddc-33f4001d7811
La 15ème édition du Hellfest est prévue du 19 au 21 juin 2020. Le festival attire autour de 180.000 spectateurs (fréquentation 2019) avec un budget de 22 millions d’euros, 5 000 bénévoles, 1 500 artistes et 20 salariés à l’année.
Antoine Blondel