Les affiches foisonnent mais les réservations restent inférieures de 20 % au niveau pré-pandémique, après une dernière saison en recul de 40 %. Les professionnels cherchent à rajeunir et élargir le public.

Les affiches de la rentrée théâtrale sont foisonnantes, mêlant créations (« Lorsque l'enfant paraît » avec Catherine Frot, « Le Chat du Rabbin » inspiré de Joann Sfar, « 1983 » avec Chantal Ladesou…) et reprises de succès (« Dernier coup de ciseaux », « L'embarras du choix », « Intra Muros », « Les Producteurs » …). Pourtant les réservations restent inférieures de 20 % au niveau pré-pandémique, après une dernière saison en recul de 40 %.

« Notre société est entrée depuis quelques années dans un cycle tourmenté : attentats, crise sociale, pandémie, guerre en Ukraine. C'est anxiogène », constate Bertrand Thamin, président du Syndicat national des théâtres privés (SNDTP). En outre, le télétravail conduit les Parisiens à déserter la capitale plusieurs jours par semaine tandis que les difficultés pour circuler et se garer dans Paris sont dissuasives pour les banlieusards. « Ce qui incite beaucoup de salles à avancer les levers de rideaux à 19 heures, 19 h 30 », poursuit Bertrand Thamin.

Moins de femmes et de seniors
Plus inquiétant encore, « depuis le Covid, les femmes et les seniors, publics traditionnels du théâtre, ne sont plus au rendez-vous. Nous n'avons pas récupéré tous les plus de 50 ans. Et les hommes représentent maintenant 58 % de l'audience alors que les femmes sont davantage prescriptrices », constate Anne-Claire Gourbier, déléguée générale de l'Association pour le soutien du théâtre privé (ASTP). Petite consolation, les 15-34 ans ont été plus nombreux à revenir. De ce fait, le public a rajeuni avec un âge moyen désormais de 41,2 ans.

L'ASTP, qui regroupe soixante-dix salles à Paris et en région, et une trentaine de producteurs-tourneurs, a chargé fin juin Médiamétrie d'analyser les comportements d'un échantillon représentatif de 1.500 personnes de plus de 15 ans. Sur les douze derniers mois (juin 2021 à juin 2022), 53 % des Français ont assisté à un spectacle vivant et 27 % (soit 13,2 millions) sont allés dans un théâtre, privé ou public, mais 71 % reconnaissent fréquenter moins les planches depuis leur réouverture. En cause, les changements d'habitudes, le pouvoir d'achat, le prix des places, et parfois le manque de proximité des salles.

Image déformée
Et la sortie théâtrale souffre d'une image déformée : 68 % la perçoivent comme onéreuse alors qu'elle l'est plutôt moins qu'un concert de musique actuelle ou un opéra, avec notamment des tarifs à...