Le secteur du spectacle vivant entame sous haute tension sa rentrée culturelle, en guettant fébrilement le retour des spectateurs… malgré une jauge réduite et de drastiques contraintes sanitaires. Tour d’horizon, entre espoir de rebond, inquiétude et colère après les mesures de relance annoncées par Jean Castex.
Le spectacle vivant – du théâtre au concert, de la danse à l’humour – est de retour. Les professionnels, mobilisés, ont la ferme intention de retrouver le public. Têtes d’affiche, reprises de spectacles stoppés par le Covid-19 ou de succès déjà joués, créations à Paris et en régions : l’automne est prometteur même s’il se profile sans la présence d’artistes internationaux bloqués chez eux par la pandémie. Le Festival d’automne à Paris a ainsi dû renoncer à ses productions extra-européennes. Une part manquante que Marie Collin, directrice artistique, va reporter sur les éditions futures. À la Philharmonie de Paris, la rentrée a été en partie sauvée, au prix d’un « reformatage », explique son directeur Laurent Bayle. Elle ouvrira le 4 septembre avec le festival Jazz à la Villette, mais il a fallu tout revoir : réduire le nombre de jours, les frais de production, le programme, les jauges jusqu’à 50 %, bref, prévoir le moins pour offrir le plus si les conditions sanitaires le permettent.
Les salles privées désemparées
Le 26 août, le gouvernement a tranché : 2 milliards d’euros du plan de relance seront consacrés à la culture. Le port du masque rendu obligatoire dans les théâtres et les cinémas pendant les représentations. Et la distanciation physique d’un siège maintenue dans les zones classées rouge, c’est-à-dire vingt et un départements selon le dernier “décompte” au 27 août (Paris, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Hauts-de-Seine, Seine-et-Marne, Essonne, Val-d’Oise, Yvelines, Sarthe, Rhône, Gironde, Haute-Garonne, Hérault, Gard, Bouches-du-Rhône, Var, Alpes-Maritimes, Guadeloupe, Martinique, Guyane).
Pour les salles concernées, notamment les privées qui dépendent de leurs recettes, ce scénario réduisant drastiquement leur capacité d’accueil est une catastrophe. « Nous ne sommes rentables que si le théâtre tourne à plein », soupire Frédéric Biessy, directeur de La Scala à Paris. S’adapter aux contraintes actuelles n’est pas donné à tout le monde, rappelle Laurent Bayle : « Dans le classique et le jazz, subventionnés à hauteur de 50 à 80 %, une petite jauge nous coupe deux doigts, mais pas la main. Dans les musiques actuelles, moins subventionnées, si la salle n’est pas remplie à 80 %, le déficit devient vite abyssal. »
Même assouplies en zone verte, ces règles pénalisent encore le rock et le rap où les concerts debout sont la norme. Or ils sont toujours interdits à ce jour. Et pour longtemps, sont convaincus la plupart des professionnels. Les quelques optimistes du printemps (Matthieu Chedid, Alain Souchon ou le rappeur Ninho), qui avaient reporté leurs concerts à l’automne, ont dû...
Lire la suite sur telerama.fr