A l’approche des rendez-vous estivaux, notamment à Avignon ou Montpellier, directeurs de programmation et compagnies tentent de s’organiser tant bien que mal malgré le confinement. Mais ils redoutent que les spectacles présentés soient inaboutis et que le public, encore traumatisé par la crise sanitaire, ne se déplace pas.
Comment répéter un spectacle en période de confinement ? A fortiori quand on doit jouer aux prochains festivals estivaux d’Avignon ou de Montpellier ? Peut-on présenter un «work in progress» à un public qui, lui, aura payé l’intégralité de sa place ? Et se déplacera-t-il même, ce public, si peu de temps après l’interdiction des rassemblements ? Les annulations d’importance se bousculent, comme on a pu le voir cette semaine avec le rendez-vous wagnérien de Bayreuth qui jette l’éponge ainsi que le Fringe d’Edimbourg, qui devait se dérouler en août prochain et qui est avec Avignon l’un des plus importants festivals scéniques de l’été. La voix étale, Jean Varela, directeur du Printemps des comédiens, travaillait jusqu’au 26 mars à maintenir l’édition. En quelques jours, la situation a considérablement évolué. «Aucune équipe en Europe ne répète, les montages techniques ne peuvent pas avoir lieu, on navigue à vue.» Pas pour longtemps cependant : «La décision de maintenir ou non le festival aura lieu dans les heures qui viennent et elle sera annoncée en début de semaine prochaine.» Le Printemps des comédiens doit ou devait accueillir l’Odyssée par Krzysztof Warlikowski, dont les répétitions en Pologne sont suspendues sine die depuis quinze jours, ainsi que la dernière création de Roméo Castelluci - qui lui a un petit espoir de les reprendre rapidement.
«Solo filmé dans la cuisine»
Pour Olivier Py également, à la tête d’Avignon, il s’agit d’imaginer l’impossible - sans que le slogan renoue avec la moindre utopie. Mais toute prise de décision est bloquée. Pourtant, l’annonce de la programmation de l’édition 2020 aura bien lieu mercredi, et il pense, ou espère, qu’elle sera au plus proche de celle qui se tiendra donc, jusqu’à nouvel ordre, du 3 au 23 juillet. «Pour l’instant, une seule production a annulé sa venue. Tous nous ont envoyé des petits films où ils nous font part de leur désir de jouer. Notre inquiétude va vers certains spectacles de pays dont l’épidémie vient juste de se déclarer. Je pense au continent africain ou au Moyen-Orient. Les frontières seront-elles fermées ?»
Les mots sont fermes… pour dire le brouillard : «Si le confinement en France se poursuit jusqu’à la mi-mai, on sera dans l’impossibilité de savoir quoi faire.» Notamment parce que 80 % des spectacles présentés dans le «in» sont des créations et un certain nombre stoppées net dans leur élaboration. Notamment parce que le montage de la scène et du plateau dans la cour d’honneur du Palais des papes commence obligatoirement deux mois avant le festival - un délai non réductible car le matériel n’accède au bâtiment classé que par une toute petite porte, elle aussi classée. Notamment parce qu’il est impossible de savoir si les rassemblements de plus de mille personnes seront autorisés en juillet…
Côté artistes, les troupes les plus en difficulté sont celles dont les répétitions avaient à peine commencé avant le confinement, surtout si elles pratiquent l’écriture dite «de plateau» - c’est-à-dire sans texte préalable. La programmation de Lamenta des chorégraphes Rosalba Torres Guerrero et Koen Augustijnen a été officialisée lors d’une rencontre avec le public dès décembre. C’est une première ultra attendue à Avignon pour cette petite équipe. Cependant, il leur est impossible de...
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