Les mesures d’isolement prises dans le cadre de la lutte contre le coronavirus ont durablement fragilisé le monde du spectacle vivant. De quels outils et ressources disposent ses acteurs pour envisager l’après-confinement ? Thomas Jolly, directeur du théâtre Le Quai à Angers, Centre dramatique national des Pays de la Loire, nous éclaire.
Le spectacle vivant, frappé de plein fouet par la crise du coronavirus, ne donne plus signe de vie. Et pour cause ! Avant même la mise en place du confinement, les rassemblements de plus de 5.000 personnes, puis de plus de 1.000 étaient interdits, entraînant l’annulation en chaîne de spectacles, et la fermeture simultanée des établissements scolaires mettait fin aux revenus perçus par tous ceux qui travaillent dans le secteur d’éducation artistique et culturelle. Ces mesures - dont on ne peut connaître le terme avec certitude - ont des conséquences économiques considérables et immédiates sur les recettes : car le spectacle vivant, rappelons-le, c’est 60.000 dates par an, 30 millions de spectateurs, 150.000 emplois générant près de 5 milliards d’euros.
POSSIBILITÉS ET LIMITES DE LA « CULTURE À LA MAISON »
Pour compenser la brutale suppression de l’offre culturelle, de nombreuses initiatives numériques ont vu le jour ces dernières semaines, favorisant la découverte depuis son petit écran. La « culture à la maison », plus que bienvenue en ces temps de confinement, ne peut pas se substituer à long-terme à ce qui fait le sel du spectacle « vivant » : l’observation d’un corps déployé dans un espace-temps sous les yeux d’un spectateur. Le numérique, vecteur de connaissance lui aussi, fait ce qu’il peut, mais il ne peut pas tout.
Si une initiative aussi impromptue que celle de Thomas Jolly à son balcon - la reprise, le temps de huit minutes, de la fameuse scène du balcon de Roméo et Juliette - a généré un tel enthousiasme chez ses voisins et voisines, c’est précisément parce qu’il a su retrouver ce lien immédiat et unique avec un public fait de chair et d’os, et revenir aux fondements d’un jeu vieux de 2 500 ans.
Les salles de spectacle, en raison de la promiscuité qu’elles impliquent, ont été parmi les premiers lieux à fermer. Si leur réouverture peut être accueillie avec appréhension par une population traumatisée par l’épidémie, il y a fort à parier que...
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