Avec le déménagement du syndicat des entreprises artistiques et culturelles, c’est une page – un quart de siècle – qui se tourne.
C'était le 8, rue Blanche, dans IXe arrondissement de Paris, à deux pas de la gare Saint-Lazare et de la Place de Clichy. Le siège cossu du Syndeac, le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles.
Les patrons des théâtres publics y posent le pied pour la première fois en 1994. La rue Blanche, c’est la maison commune, celle où chacun se rend au moins une fois dans sa carrière, celle où se succèdent les réunions, où se trament les négociations avec le ministère de la Culture, où on se serre les coudes, où les esprits s’échauffent, celle des jours d’élection aussi, pour désigner le président. 300 m2 de souvenirs, de combats pour défendre la place des politiques publiques pour la culture.
Lorsqu’il arrive à la direction du syndicat en juin 2018, Vincent Moisselin n’en revient pas : le Syndeac, qui jouit pourtant d’une surface financière non négligeable, est un simple locataire de ses bureaux, s’acquittant chaque mois d’un onéreux loyer (15 000 euros). « Aujourd’hui, nous serions propriétaires…». De plus, les lieux sont des plus bruyants, situés à quelques dizaines de mètres d’une caserne de pompiers, ce qui, selon certains, perturberait la sérénité des négociations syndicales…
Décision est prise, avec la présidente Marie-José Malis (directrice du Théâtre de la Commune à Aubervilliers), de concrétiser le projet de déménagement pour acheter des murs. La transaction, financée par un emprunt auprès du Crédit Coopératif, est signée pour des bureaux, de 300 m2 également, dans le XIIe, au 20, rue Saint-Nicolas. Le syndicat n’en révèle pas le montant. « Nous avons fait une bonne affaire !», se contente de confier Vincent Moisselin.
Un déménagement symbolique, la rue Blanche ayant été, d'une certaine manière, pendant des décennies un haut lieu du théâtre public : l'École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (ENSATT), appelée familièrement autrefois École de la rue Blanche, a déménagé en 2007 pour s’installer à Lyon. C’est donc au tour du Syndeac, ses 10 permanents et ses 400 adhérents, pour cette fin novembre. Aujourd’hui, seul y reste le Théâtre de Paris, un lieu des plus privés…
Nicolas Marc