Régime opaque, précarité, maigres compensations, absence de statuts : intermittents et artistes-auteurs ont du mal à être rassurés par les annonces récentes du ministre de la Culture.
Un flou artistique persiste chez les intermittents du spectacle. Alors qu’un arrêté paru le 17 avril devait clarifier la situation des comédiens, musiciens ou techniciens en temps de Covid-19, c’est toujours la croix et la bannière pour comprendre les mesures gouvernementales et leurs applications à tous les cas particuliers que recouvre le régime. Chaque année, les intermittents doivent déclarer 507 heures de travail à une «date anniversaire». Si celle-ci tombe durant la période de confinement, elle sera décalée le 1er juin pour pouvoir continuer à bénéficier de ses droits.
«Urgence»
Mais que se passera-t-il pour ceux qui devront justifier leurs heures en septembre ? Avec l’annulation à la pelle des festivals d’été, beaucoup craignent de ne pas travailler suffisamment cette année. Surtout s’ils se fient au scénario catastrophe de l’Académie nationale des sciences allemande qui prévoit dans le pire des cas une réouverture des salles de concert dans dix-huit mois. Pour Ghislain Gauthier, de la CGT Spectacle, «ces mesures règlent l’urgence mais pas le problème de fond. Beaucoup de professionnels vont se retrouver sur le carreau, dont ceux qui comptaient sur le printemps pour ouvrir leurs droits pour la première fois».
Dans le Monde de vendredi dernier, le ministre de la Culture, Franck Riester, rappelait que la période de crise était neutralisée, que les entreprises et les associations pouvaient bénéficier du dispositif de chômage partiel, et que les structures étaient incitées par l’Etat à payer les cachets. En outre, sur France Inter jeudi, il assurait que «les intermittents qui ne sont pas actuellement dans un statut d’intermittence, qui auraient dû avoir leurs droits en travaillant par exemple à Avignon» pourront «bénéficier de la solidarité». Un fonds spécifique sera bientôt ouvert, en partenariat avec Audiens, groupe de protection sociale qui, par ailleurs, a récolté 1 million d’euros d’aide du géant Netflix pour soutenir les intermittents de l’industrie audiovisuelle et cinématographique. Selon la CGT, le ministère n’aurait pas jugé opportun de se concerter avec les partenaires sociaux sur ce point : «Personne n’a été mis au courant avant l’interview de la création de ce fonds.» Un autre, spécifique au théâtre privé et aux compagnies peu subventionnées, est...
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