Face à la montée des pressions intégristes et à l’inaction du gouvernement, les organisateurs d’événements culturels sont livrés à eux-mêmes.
On l’a dit et redit au conseiller culture d’Emmanuel Macron : est-ce que vous trouvez ça normal qu’il n’y ait aucune réaction de la Première ministre ou du Président alors qu’on a plusieurs spectacles annulés à cause de l’extrême droite ? Au cabinet à l’Élysée, tout le monde trouve ça consternant, mais on n’a toujours pas dépassé le stade du tweet. » Aurélie Hannedouche est la déléguée générale du SMA, le Syndicat des musiques actuelles qui représente beaucoup de salles et producteurs de spectacles, et depuis trois mois, elle voit la même histoire se répéter à travers la France : au moins une dizaine de concerts, pièces de théâtre pour enfants ou festivals menacés par une nébuleuse mêlant groupuscules identitaires, intégristes catholiques et militants politiques. Tout cela condamné vite fait – et pas tout le temps – par la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak, sans qu’aucune action concrète ne soit enclenchée par son ministère ou le ministère de l’Intérieur, selon nos informations. Aucune coordination, aucune dissolution, aucune procédure à suivre en cas de menaces, pour un gouvernement qui a pourtant fait des numéros verts un sport national. « Personne ne nous a dit : “Si ça arrive, vous pouvez nous appeler à tel numéro.” Rien de tout cela », confirme Aurélie Hannedouche. Il a fallu attendre vendredi dernier pour que la ministre ne revienne vers les professionnels et leur demande de prévenir son cabinet si de nouvelles menaces surviennent. Le ministère de la Culture n’a pas répondu à nos questions pour cette enquête.
Les salles et organisateurs sont donc aujourd’hui livrés à eux-mêmes face à des menaces qui se sont sensiblement multipliées depuis l’affaire des concerts de l’organiste suédoise Anna von Hausswolff à Nantes fin 2021, que Les Jours avaient racontée dans les premiers épisodes de cette série (lire l’épisode 1, « Des concerts crucifiés dans un silence de cathédrale »). C’est un concert du chanteur pop Bilal Hassani à Metz, prévu pour le 5 avril dans l’ancienne église Saint-Pierre-aux-Nonnains désacralisée depuis le XVIe siècle, qui a fait l’objet de menaces d’attentat sur des canaux d’extrême droite, avant que la soirée ne soit annulée par sécurité.
Le lendemain, dans le cadre du festival de théâtre pour enfants Petits et Grands de Nantes, une représentation de la pièce Fille ou garçon, qui « pose la question des différences entre les sexes », a été visée par Civitas, parti politique homophobe d’extrême droite très mobilisé en...
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