Après le passage de la ministre de la culture Roselyne Bachelot, samedi 6 mars, la salle, occupée depuis le jeudi 4, a connu une bousculade au cours de laquelle un gardien a été blessé.
L’occupation de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, à Paris, prend de l’ampleur. La cinquantaine de militants qui sont entrés dans le théâtre, jeudi 4 mars, à l’initiative de plusieurs syndicats menés par la CGT Spectacle, ont reçu la visite de Roselyne Bachelot, samedi 6 mars, autour de 22 heures. « C’était une surprise, et nous saluons le geste de la ministre de la culture, déclare Rémi Vander-Heym, le secrétaire général du Syndicat national des professionnels du théâtre et des activités culturelles. Au cours de la discussion, elle a répété ce qu’elle nous avait déjà dit lors d’échanges précédents, mais elle n’a rien annoncé de concret. » Les militants réclament des mesures d’accompagnement de la réouverture des salles, en particulier la prolongation de l’année blanche pour les droits des intermittentset la réunion du Conseil national des professions du spectacle, sous l’égide du premier ministre, Jean Castex.
Ce conseil, mis en place en 1992 par Jack Lang pour instituer un dialogue entre les professions du spectacle et le ministère, est prévu pour le 22 mars. Il sera présidé par Roselyne Bachelot, mais la présence de Jean Castex n’est pas encore actée. « Elle est essentielle, parce que c’est lui fera l’arbitrage », précise Rémi Vander-Heym.
Pour l’année blanche, une « mission de diagnostic » a été confiée à André Gauron, conseiller maître à la Cour des comptes. « Le ministère a demandé à André Gauron d’évaluer le nombre d’intermittents qui auront leurs heures au 31 août, et donc, par défaut, ceux qui ne les auront pas », explique l’acteur Samuel Churin, membre de la Coordination des intermittents et précaires. Selon la lettre de mission, ces derniers auront droit à une “clause de rattrapage” de six mois. C’est inacceptable, et on est loin de l’intention première, qui était de nommer un expert pour faire des propositions, dont celle de la prolongation de l’année blanche. Mais nous ne doutons pas du fait qu’André Gauron élargira sa mission. »
Un lieu hautement symbolique
Choisi parce que c’est un théâtre public, hautement symbolique depuis son occupation en Mai 68, l’Odéon-Théâtre de l’Europe vit, depuis le 4 mars, au rythme des assemblées générales. Un appel est lancé chaque jour à se réunir devant le théâtre à 14 heures – à 16 heures, lundi 8, en raison de la Journée internationale des droits des femmes.
Dimanche 7, Robin Renucci y a exprimé son soutien entier à la mobilisation, au nom de l’Association des centres dramatiques nationaux, dont il est membre du conseil d’administration. La veille, samedi 6, Christophe Honoré a également apporté son soutien, dans un message écrit. Depuis mi-janvier, l’auteur-metteur en scène et réalisateur répète à l’Odéon son nouveau spectacle Le Ciel de Nantes,qui devait être créé du 19 mars au 18 avril, et ne le sera pas. « L’occupation de l’Odéon marque la vigilance et l’esprit de lutte qui seront nécessaires pour s’opposer aux décisions d’un gouvernement qui méconnaît notre milieu et cherche continuellement à fragiliser les plus précaires d’entre nous. »
Les militants ont pris place dans le foyer du théâtre. Ils ont à leur disposition une douche et des toilettes, et ils s’organisent pour la nourriture. Quand Roselyne Bachelot est venue à leur rencontre, ils lui ont demandé de pouvoir organiser un « turnover », « pour que les occupant(e)s du premier jour puissent aller se reposer et revenir sans se retrouver devant une grille fermée », écrivent-ils dans un communiqué du dimanche 7, où ils précisent que, faute de réponse, ils ont décidé de faire entrer trente nouveaux occupants, à 17 h 30. Une bousculade a alors eu lieu, au cours de laquelle un des agents de sécurité a été blessé. Il a été conduit à l’hôpital. « Cet incident n’aurait pas dû arriver. Nous le regrettons », assurait Rémi Vander-Heym lundi 8 au matin, avant d’entrer en réunion avec Stéphane Braunschweig, le directeur de l’Odéon, et Bethânia Gaschet, son administratrice.
« Apaiser les esprits »
« Depuis le début de l’occupation, nous avons travaillé dans un esprit de dialogue, de façon que tout se passe bien, affirmait à son tour Stéphane Braunschweig, à l’issue de la réunion. J’ai rappelé aux occupants que je partage leur inquiétude, en particulier pour tous les intermittents qui n’ont pas pu faire leurs heures – et ils sont nombreux ; il faut prolonger l’année blanche, et il faut une réouverture rapide et progressive des salles, avec un plan d’accompagnement de la reprise des activités. Sur ces points, je suis...
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