Macha Makeieff, Olivier Py, Jack Lang, Pap Ndiaye... Face au monde clos et mortifère de Marine Le Pen, plus d’une centaine de directeurs et directrices du milieu culturel préfèrent porter une société vivante et ouverte, quoique imparfaite, où la culture aura sa place. Ils voteront Emmanuel Macron.
Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle nous place face à un choix crucial. Ce n’est certes pas la première fois qu’une candidature de l’extrême droite accède ainsi au deuxième tour. Cependant, à la différence de 2002 et 2017, la probabilité est aujourd’hui réelle que celle-ci l’emporte. Cette situation inédite repose sur trois facteurs : la part considérable de l’extrême droite, qui représente aujourd’hui un électeur sur trois ; le désengagement et le discrédit qui frappent nos institutions et le fonctionnement de la démocratie, en particulier le processus électoral ; le rejet enfin dont fait l’objet Emmanuel Macron, au-delà du seul camp de Marine Le Pen. Aux millions d’électeurs et d’électrices potentielles qui pourraient envisager de s’abstenir au deuxième tour, nous voulons rappeler les conséquences d’un tel choix.
Une élection présidentielle oppose toujours plus que des personnes, des programmes ou même des visions du monde : c’est la possibilité de leur réalisation qui est en jeu. Nous connaissons le monde réalisé d’Emmanuel Macron, voilà cinq ans que nous l’habitons. Quel que soit notre niveau d’adhésion à la politique qui lui donne forme, nous savons pouvoir y vivre, dans le respect des valeurs fondamentales qui sont les nôtres : la liberté, la tolérance, l’hospitalité, la diversité. Nous connaissons le monde que veut réaliser Marine le Pen, il suffit de lire son programme. C’est celui de la «préférence nationale», de la discrimination et de la xénophobie érigées en principes constitutionnels, du retour au droit du sang, de la fermeture à l’autre, du renoncement à toute forme de diversité et d’hospitalité.
Tels sont les deux mondes entre lesquels il nous faudra choisir le 24 avril. D’un côté, un monde vivant, imparfait, ouvert, qui porte en lui la différence comme principe actif. De l’autre, un monde clos, mortifère, subjugué par le fantasme identitaire et le régime du même. Entre ces deux mondes, notre choix est fait. Directrices et directeurs d’établissements artistiques et culturels, nous œuvrons à l’endroit précis où des visions du monde se forment, se matérialisent et viennent infuser dans le monde réel. Considérant qu’il n’y a pas d’art plus urgent que de composer un monde commun, nous savons qu’il n’y a pas de monde commun sans culture et qu’il n’y a de culture que de la différence. C’est pourquoi nous voterons le 24 avril pour Emmanuel Macron, et invitons toutes celles et ceux qui seraient tentés par l’abstentionnisme à faire de même. Il n’y va pas seulement du monde de l’art et de la culture, il y va de l’art de vivre ensemble et de la culture d’un monde commun...
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