Moins fréquentés, moins grands mais plus adaptables, certains grands musées de province pourraient bien réouvrir avant les mastodontes parisiens. Reportage au Musée d’Arts de Nantes qui a déjà élaboré son plan de réouverture.
Comme tous les musées estampillés «Musées de France», celui de Nantes comate depuis le 15 mars. Un cas d’école, aussi dramatique que les 1220 autres disséminés sur le territoire. Avec cette particularité que cet écrin des arts né sous Napoléon s’était modernisé et agrandi d’un tiers en 2017, après six ans de travaux et un investissement de 88,5 millions d’euros.
Quelque 3500 m2 carrés de verrières XIXe siècle restaurés, une extension de 2000 m2 dédiée à l’art contemporain, un auditorium de 160 places, des salles d’ateliers pédagogiques, une bibliothèque, des boutiques et des espaces événementiels: l’agglomération nantaise faisait alors, par cet équipement, la démonstration que la culture était un axe majeur pour son développement. Depuis, l’institution participait parfaitement du capital touristique, du rayonnement culturel et de l’effort éducatif voulu. À raison de 325.000 visiteurs annuels dont 16 % d’étrangers, majoritairement européens.
Las, les 13.000 œuvres - des Watteau, La Tour, Delacroix, Ingres, Monet, Courbet, Kandinsky et des Soulages, Kapoor, Penone ou Joan Mitchell qui font de l’endroit l’un des plus grands fonds publics où l’art ancien dialogue avec celui d’aujourd’hui - ne vivent plus que virtuellement, par le biais les réseaux sociaux. Jusqu’à quand? «Nous ne savons pas mais nous travaillons à une réouverture qui ne doit pas être conditionnée à celle du Louvre. Tous les regards sont braqués sur lui mais c’est un cas exceptionnel: sa jauge est d’environ 20.000 visiteurs par jour. La nôtre est plus de dix fois moindre, comme celle de n’importe quel autre grand musée de province», explique la directrice Sophie Lévy.
Veiller aux prêts
Passé le cap de la sidération, malgré «le sentiment d’inutilité» et «le vague à l’âme», l’équipe - une soixantaine de personnes - a pris le taureau par les cornes. Une dizaine télétravaille ; une poignée assure la sécurité, la maintenance et la conservation sur place. Le musée étant un établissement public de coopération culturelle (EPCC) liant l’État à une collectivité territoriale, les salaires des agents sont, comme avant, versés par Nantes Métropole.
Passé la réactivation des contenus numériques disponibles, l’équipe produit maintenant à une fréquence régulière des jeux éducatifs, des pastilles vidéo baptisées «minutes apprenantes» ainsi que d’autres propositions telles des...
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