Trouver des dates dans une saison réduite à peau de chagrin, parier sur le printemps ou l’automne sans aucune certitude… Agathe Olivier, tourneuse d’Eddy de Pretto, et Olivier Poubelle, tourneur d’Orelsan, témoignent des difficultés présentes et à venir de leur métier, dans une crise qui s’éternise.
“Si la crise perdure, les producteurs devront se mettre autour d’une table pour réfléchir à ce qu’être solidaire veut dire”
Olivier Poubelle, Asterios Productions (Orelsan, Feu! Chatterton, Têtes Raides…)
«Pour la tournée d’Orelsan, qui devait démarrer le 15 janvier, nous avions anticipé les éventuelles annulations et déjà prévu des reports possibles, à partir du 15 avril. Cela reste un pari à ce jour. Certains suggèrent de reporter à l’automne 2022, je peux l’entendre. Mais si les choses ne sont pas réglées le 15 avril, elles n’iront guère mieux le 15 juin et donc l’été sera compromis. La question de notre activité se posera alors sérieusement.
Cela dit, le cas Orelsan ne peut pas servir de référence. On se bat pour tous nos artistes et leurs situations sont différentes. Dès le 3 janvier, je dois fermer La Maroquinerie, à Paris. Sa taille et sa jauge de 500 places ne permettent pas de version assise. La programmation souffrait déjà de l’absence des étrangers, la fermeture la fragilise encore. Le gouvernement parle de trois semaines, mais nous tablons sur six, donc une possible reprise aux vacances de février.
L’engorgement est un vrai problème pour la profession. On peut imaginer qu’on va discuter, s’entendre, trouver un équilibre. Si la crise perdure, les producteurs devront se mettre autour d’une table pour réfléchir à ce qu’être solidaire veut dire. Une saison réduite à six mois, parce que l’hiver deviendrait un risque pendant plusieurs années, c’est deux fois moins de dates. Comment faire pour que tout le monde y ait accès ? Certaines esthétiques ne marchent qu’en fin de semaine, or tout le monde préfère jouer le week-end. L’automne est très recherché car les festivals viennent y faire leur programmation, le mois avant Noël permet de soutenir les ventes d’un disque. Le printemps est moins recherché. Pourra-t-on discuter de cela ? Notre profession est aussi à la charnière du public et du privé. Cela soulève bien des questions de programmation, d’esthétique, de régulation.»
“La surabondance de l’offre risque de poser des problèmes”
Agathe Olivier, Romance Musique (Eddy de Pretto, Clara Luciani, Lujipeka…)
«Notre tournée la plus touchée est celle d’Eddy de Pretto, qui devait démarrer le 12 janvier. Nous avons tout décalé au printemps, et je crois — mais à vrai dire je ne compte plus — que c’est la troisième fois qu’on la reporte. Pour celle de Lujipeka, qui commence le 26 janvier, nous attendons encore un peu avant de prendre une décision. La date est encore possible, si l’on s’en tient à trois semaines, comme le gouvernement l’a annoncé.
Le problème majeur est évidemment celui des disponibilités dans le calendrier 2022, qui se font de plus en plus rares. Certains artistes seront contraints d’annuler des concerts, faute de ...
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