Le metteur en scène Joris Mathieu, élu du Syndicat des entreprises artistiques et culturelles et directeur du Théâtre nouvelle génération, à Lyon, dont la subvention a été coupée par le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, suggère à l’élu LR, dans une tribune au « Monde », de joindre ses efforts à ceux des professionnels de la culture plutôt que de chercher à les combattre.
Laurent Wauquiez, président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a annoncé, dans le Journal du dimanche du 27 mai, et répété ensuite, qu’il s’engageait dans un « combat contre une culture à deux vitesses ». Plus précisément, un combat contre les inégalités d’accès à la culture entre les habitants des métropoles et ceux des milieux ruraux.
Se dresseraient alors sur sa route, les gardiens de l’entre-soi culturel, qui ne chercheraient qu’à protéger leurs intérêts personnels, car ils sont, selon lui, les bénéficiaires exclusifs d’une subvention publique, distribuée, entre autres, par un ministère de la culture qui fonctionne « comme un guichet automatique ».
C’est ainsi que s’ouvre le grand récit fictionnel d’une croisade culturelle. Mais ce récit peine à convaincre, tant il repose sur de petits arrangements avec la réalité. Car, pour commencer, ce combat, qu’il cherche à s’approprier par ces déclarations, n’est pas à proprement parler le sien. C’était déjà, avant lui, celui de toutes les personnes qui œuvrent, au quotidien, pour faire vivre la culture au plus près des habitants.
Une image dégradante
Et ce sont ces personnes, les artistes, les compagnies, les lieux culturels, qui bénéficient entre autres du soutien du ministère de la culture, qu’il qualifie de manière trompeuse de rentiers et qu’il désigne ainsi comme des obstacles. Dire cela dans la presse, c’est véhiculer dans l’opinion publique une image dégradante de tous les travailleurs d’un service public.
C’est jeter l’opprobre et le discrédit sur le fonctionnement de ces institutions. Et c’est totalement malvenu de la part du président d’une institution politique, qui devrait au contraire travailler au renforcement de leur valeur symbolique. D’autant que Laurent Wauquiez ne brise aucun tabou lorsqu’il questionne la redistribution des moyens entre la capitale, les métropoles et les territoires moins dotés culturellement.
Sans entrer dans les détails, c’est même dans cette intention, que, après la seconde guerre mondiale, notre pays a commencé à investir dans une politique décentralisée de la culture, construisant année après année de nouveaux équipements culturels en région, pour...
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