Le tribunal administratif de Montpellier a ordonné le 15 février la suspension de la réouverture des musées de Perpignan. A Issoudun, le maire André Laignel attend la décision de celui de Limoges. Au-delà de ces coups d’éclat, les élus plaident pour la fin du statu quo uniforme.
Saisi par le préfet des Pyrénées-Orientales, le juge des référés du tribunal administratif (TA) de Montpellier ordonné le 15 février la suspension de l’exécution des arrêtés du maire (RN) de Perpignan, Louis Alliot, sur la réouverture des quatre musées de la ville. Le 9 février, l’édile perpignanais avait décidé de les rouvrir, mettant en avant « l’amélioration du contexte sanitaire », le besoin de culture des Français, la mise en place d’un protocole sanitaire rigoureux.
Le TA a estimé que « le maire de Perpignan a méconnu les dispositions de [l’] article 45 du décret du 29 octobre 2020 », ordonnant, entre autres, la fermeture au public des musées. Les quatre musées vont donc devoir refermer leurs portes jusqu’à ce qu’il soit statué au fond sur la légalité des arrêtés. »
Liberté de création artistique et d’accès à la culture
Autre franc-tireur, André Laignel, maire (PS) d’Issoudun (Indre) attend pour sa part la décision du TA de Limoges pour le jeudi 18 février. L’édile berrichon, également premier vice-président de l’Association des maires de France (AMF), a, lui-aussi, voulu forcer le destin du musée de l’Hospice Saint-Roch, en rouvrant une partie du site le 13 février.
« Seuls sont rouverts le parc de sculptures et les galeries d’art contemporain. Il s’agit donc d’un lieu extérieur et de salles immenses et aérées, où nous avons fixé la jauge à 30 m2 par visiteur. Partout, les galeries d’art sont autorisées à ouvrir [depuis la réouverture des commerces « non essentiels », ndlr]. En revanche, les parties historiques du musée restent fermées », détaille André Laignel, qui estime que la fermeture totale des lieux de culture est « une atteinte à la liberté de création artistique et d’accès aux œuvres culturelles, comme l’a rappelé le Conseil d’Etat [lors de sa décision du 23 décembre 2020, consécutive à la saisine de plusieurs organisations professionnelles, ndlr].
Musées et monuments rouvriront en premier
Au-delà de ces coups d’éclat, le débat sur l’opportunité de rouvrir les musées reste entier, et la pression sur la ministre de la Culture Roselyne Bachelot énorme.
En indiquant à la mi-janvier que les musées et monuments historiques seraient les premiers équipements culturels à reprendre leur activité, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot ne s’attendait sans doute pas à être ainsi invitée à accélérer les choses.
Depuis, de nombreuses voix s’élèvent, parmi les artistes et les personnalités du monde de la culture, pour demander la réouverture des musées. Des prises de position qui s’appuient le plus souvent sur les exemples de musées étrangers : Italie, Belgique, Pologne… « A Madrid, le Prado est ouvert, tout comme le musée Hergé à Bruxelles, ou le musée du Vatican à Rome », complète André Laignel.
Enquête auprès des directeurs de musée
Du côté de l’Association générale des conservateurs du patrimoine et des professionnels des musées et autres patrimoines publics de France (AGCCPF), on joue la carte de l’expertise technique. Le 5 février, l’association a publié les résultats d’une consultation de ses adhérents responsables d’équipement. Objectif : cerner les conditions réalistes de mise en oeuvre d’un protocole sanitaire le plus strict possible, et identifier les points de consensus. L’AGCCPF a transmis son étude le 4 février par courrier à Roselyne Bachelot et en a présenté les détails au Service des musées de France huit jours plus tard lors d’une réunion de travail.
« Si le gouvernement décide une réouverture globale, il s’agira d’une autorisation, mais l’ouverture ne sera pas effective partout », souligne l’AGCCPF. Car selon la taille du musée, la configuration des lieux, les moyens qui lui sont alloués, les effectifs etc. la reprise de l’accueil du public dans des conditions sécurisées ne pourra pas se faire partout dans les mêmes conditions et à la même date. Du cousu main en quelque sorte.
Des villes expérimentatrices de protocoles
Mais pour nombre d’élus, c’est l’ensemble des activités culturelles dont il faut analyser les conditions de reprise. Et certains proposent que leur ville soit un terrain d’expérimentation.
C’est par exemple le cas...
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