Les élèves seront-ils au rendez-vous pour cette rentrée sous le signe de la crise sanitaire ? La question se pose pour de nombreux établissements. Le Conservatoire de Limoges, par exemple, perd un quart des effectifs, selon nos confrères de France Bleu. Précisions avec le directeur Damien Royannais.
Six mois d'interruption, c'est long. C'est ce que constate Damien Royannais, directeur du Conservatoire à rayonnement régional (CRR) de Limoges, dont la rentrée se fait progressivement cette semaine. Depuis le début du confinement, la musique ne résonne plus dans cet établissement de 1500 élèves qui dispense l'enseignement en musique, danse et théâtre, dans les classes CHAM et CHAD et a la particularité de faire vivre un département des musiques traditionnelles. L'établissement compte également deux orchestres d'harmonie, deux orchestres symphoniques et plusieurs chorales.
Or, les cours en présentiel n'ont pas repris non plus en mai et juin, suite à la décision de la municipalité de maintenir la fermeture jusqu'à la rentrée en septembre. Malgré la mobilisation « exceptionnelle », selon les dires du directeur, des professeurs pour maintenir la continuité pédagogique en ligne, les conséquences sont là. Un quart des effectifs en moins, selon nos confrères de France Bleu.
Deux filières sont particulièrement touchées, nous a expliqué le directeur par téléphone : la danse et la voix, deux filières qui perdent entre 25 et 40% des élèves. Pour d'autres filières, la baisse est « moins alarmante » et avoisine les 10%.
« Pourquoi les vents et les cordes n'ont pas souffert? C'est qu'ils ont tous une pratique instrumentale, un cours d'instrument en parallèle. Il n'y a pas eu d'orchestre pendant le confinement, mais ils avaient autre chose à faire. C'était évidemment beaucoup plus compliqué pour la danse ou le chant, où certains élèves se retrouvent uniquement dans des chorales, » précise le directeur.
Pour anticiper sur la baisse éventuelle des effectifs, l'établissement a prolongé les inscriptions au-delà des échéances de juillet, en espérant retrouver les quotas habituels. Mais pour l'instant, la tendance qui se dégage est une baisse des réinscrits d'au moins 20% en moyenne.
« Nous n'avons pas encore des raisons pour le désistement des élèves, explique Damien Royannais. De mon point de vue, la raison principale est qu'il n'y a pas eu cours pendant 6 mois et certaines personnes décrochent ou font d'autres choix parce qu'elles n'ont pas été sollicitées par le Conservatoire et du coup, ça fait long. Et puis, le climat ambiant, les gens ne sont pas forcément à l'aise avec les pratiques collectives. »
Et si dans d'autres conservatoires les familles auraient pu faire d'autres choix par peur de payer pour les cours dont le maintien est incertain vu l'instabilité de la situation sanitaire, cet argument n'est pas valable pour le Conservatoire de Limoges, où les cours sont gratuits :
« C'est un choix politique de la mairie depuis longtemps, explique le directeur, il n'y a que les inscriptions qui sont payantes et qui représentent, en fonction du coefficient familial, entre 30 et 250 euros l'année pour quelqu'un qui habite à Limoges.»
Pour l'heure, la direction a fait le choix de laisser les anciens élèves se manifester jusqu'à la fin de la semaine, avant de céder les places aux nouveau-arrivants : « Nous avons à peu près 25% d'élèves provenant des classes les plus défavorisées et 25% des classes aisées, ce qui équilibre un peu les choses. Et on se dit que parmi les familles le plus en difficulté, il y a des gens qui ont un peu du mal à suivre parce que financièrement, ils n'arrivent pas à recoller les bouts. Et même si cela nous pose des problèmes, on a décidé d'être patient, » temporise le directeur.
En attendant, la rentrée se prépare « au complet » avec les aménagements en accord avec le protocole sanitaire. Une solution est trouvée pour l'ensemble des activités, y compris pour la danse et les pratiques collectives. Les cours seront organisés en demi-effectifs pour les plus jeunes, avec les répétitions à l'extérieur du Conservatoire, dans des locaux plus grands pour que l'on puisse...
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