Face aux risques de fermeture de la moitié des structures du secteur, Christophe Bosq, directeur de 3C, société de production de concerts établie à Bordeaux qui fait jouer Renan Luce ou La Grande Sophie, réclame un plan de sauvegarde.
« C’était une décision attendue et malheureusement nécessaire. Psychologiquement, c’est très dur, même si nous avons été préparés à une telle situation plus tôt dans l’année. Entre mars et aujourd’hui, dans notre secteur, la perte de chiffre d’affaires tournait autour de 85%, entre 75% et 80% dans le cas de 3C. Nous avons réussi à organiser quelques concerts en septembre et octobre, en configuration assise, puis en avançant les horaires pendant le couvre-feu, grâce au travail remarquable des programmateurs qui ont modifié plusieurs fois leurs plannings. Mais novembre était un mois important pour notre société, avec plusieurs grosses tournées dont celles de têtes d’affiche comme Renan Luce et La Grande Sophie, que nous devons désormais annuler.
Il va falloir surmonter ce nouveau choc. C’est vrai dans tous les domaines mais j’ai peur que, dans celui de la musique vivante, certains baissent les bras ou finissent par abandonner. Avant même ce nouveau confinement, une étude montrait que 50% à 60% des sociétés de production risquent de fermer avant la fin de l’année. Ce ne sera pas notre cas, parce que nous avons fait en sorte d’avoir les épaules pour tenir et préserver l’emploi de nos huit salariés qui seront placés en activité partielle avec 100% de leur salaire garanti. Mais nous employons aussi beaucoup d’intermittents – quarante-sept équivalents temps plein – et on ne sait pas ce qu’il adviendra d’eux au-delà de l’année blanche qui leur est accordée. Heureusement, nous bénéficions des aides du Centre national de la musique (CNM) mais d’autres vont devoir tomber très vite. Nous œuvrons en ce sens au sein du Prodiss [syndicat des producteurs, diffuseurs, festivals et salles de spectacle musical, ndlr] : pour beaucoup de nos entreprises, ce n’est toujours pas un plan de relance qui est nécessaire, mais bien un plan de sauvegarde.
“Nous devons trouver des moyens de faire rêver les gens.”
Pendant le premier confinement, j’envoyais chaque jour un mail aux salariés, techniciens et artistes qui travaillent avec 3C, dans lequel je les incitais à imaginer l’avenir, en restant positifs et solidaires. Je vais reprendre le même rythme, parce que nous devons trouver des moyens de faire rêver les gens. Les artistes sont évidemment très tristes de ne pas pouvoir s’exprimer sur scène. Mais ils manifestent aussi leur solidarité vis-à-vis de nos métiers : je reçois beaucoup de SMS de soutien de leur part et ça fait plaisir. Maintenant, à nous de reprogrammer leurs dates, une fois de plus. Voyant la situation sanitaire se dégrader, nous avions déjà commencé à poser des options pour...
Lire la suite sur telerama.fr