Le 2 octobre dernier, le Front commun pour les arts, qui réunit 17 associations et organismes nationaux, tenait une conférence de presse pour réclamer au premier ministre du Québec que les crédits accordés au Conseil des arts et des lettres soient portés à 200 millions par année et indexés par la suite. Le même jour, une pétition demandant la tenue d’états généraux sur la culture était rendue publique. Cette dernière initiative soutient que la moyenne salariale des artistes n’a pas évolué de façon notable depuis 30 ans en dépit de l’injection de sommes importantes dans le domaine de la culture. Elle a pour principal but de remettre en question la façon dont l’argent de l’État percole jusqu’aux créateurs tout en déplorant la difficulté de tracer le parcours que suit l’argent public en culture.
Le ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, a écarté la tenue d’états généraux sur la culture. C’est une sage décision.
Avant même de statuer sur la personne ou le comité qui aurait l’autorité nécessaire pour mener à terme de tels états généraux, il faudrait circonscrire les constituants de ce secteur qui englobe autant la télédiffusion que la lecture, ce qu’on appelait jadis les « beaux-arts » avec leur prolongement numérique, la pratique amateur et le loisir culturel, la diffusion nationale et internationale, les arts d’interprétation, les musées, le cinéma et l’édition, l’infrastructure des conseils de la culture comme instance de concertation régionale, le mécénat culturel, la formation, le patrimoine, le rôle des organismes et sociétés d’État (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Place des Arts, Musée de la civilisation, Grand Théâtre), etc.
Enfin, comment ignorer le problème de la langue française quand celui-ci a prédominé dans toutes les versions de la politique culturelle au point de rendre parfois secondaire toute autre dimension du domaine culturel ? Tenir des états généraux sur la culture sans aborder la question linguistique, les sociétés d’État, la formation, ou, finalement, tout ce qui exclut la rétribution des artistes et des concepteurs ?
Un appel à des états généraux se conçoit lorsque rien n’existe ou en cas de nécessité de faire table rase. Le Québec est l’une des rares sociétés disposant d’une loi sur le statut de l’artiste et d’une politique culturelle, cette dernière se traduisant par des politiques disciplinaires sous-jacentes : lecture, diffusion, musées, etc. En outre, on rappellera qu’au terme de concertations menées de rigoureuse façon, certains milieux, dont le théâtre et la danse, se sont dotés de plans directeurs dont le principal frein à la pleine réalisation découle de l’insuffisance du soutien public. Des états généraux auraient pour effet de ramener à la case départ des travaux conduits de façon démocratique avec rigueur et opiniâtreté par des organismes sectoriels représentatifs.
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