En recevant la Palme d’or, la réalisatrice française Justine Triet a reproché au gouvernement de défendre une « marchandisation de la culture ». De quoi parle-t-elle ?
« La marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend est en train de casser l’exception culturelle française. » L’estocade a été portée par Justine Triet, qui a reçu la Palme d’or du Festival de Cannes 2023 pour son film Anatomie d’une chute. Cette attaque a suscité de vives réactions dont celle de la ministre de la culture, Rima Abdul Malak, « estomaquée par son discours si injuste ».
La France, au motif que la culture n’est pas un bien comme les autres, a instauré de nombreux mécanismes pour protéger le cinéma des règles commerciales du libre-échange. Des dispositifs complexes – et parfois mal compris – assurent une certaine diversité des films face aux grosses productions.
L’« exception culturelle » du cinéma français s’appuie sur le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Cet établissement public, créé en 1946 et placé sous l’autorité du ministère de la culture, gère un système redistributif complexe, consistant à reverser les recettes de différentes taxes sous forme d’aides aux créateurs, producteurs, exploitants et distributeurs.
Le CNC au cœur du mécanisme
La taxe historique s’applique sur les tickets de cinéma. L’exploitant d’une salle doit reverser 10,72 % du prix d’une entrée au CNC (5 % en outre-mer). En 2022, elle a...
Lire la suite sur lemonde.fr