De nombreuses villes viennent de passer au vert, un renouvellement politique qui pourrait avoir des conséquences sur le secteur culturel. On a fait le point avec Grégory Doucet, Pierre Hurmic et Emmanuel Denis, maires de Lyon, Bordeaux et Tours.
Éric Piolle, le maire EELV de Grenoble, doit se sentir moins seul. Depuis les dernières municipales, de nombreuses grandes villes françaises sont elles aussi passées au vert : Lyon, Bordeaux, Marseille, Tours, ou encore Poitiers. Un quasi grand chelem. Invités partout, les nouveaux maires ont fait part de leurs aspirations. Sur France Inter le 29 juin, Grégory Doucet, fraîchement élu à Lyon, parlait de la culture comme d'une de ses priorités. "L'écosytème du secteur est fragile, surtout actuellement, il faut le soutenir. À Lyon, quatre millions d'euros seront débloqués pour leur venir en aide".
De manière globale, Grégory Doucet comme les autres maires écologistes prônent une culture moins institutionnelle, avec plus de concertation avec les professionnels comme avec les habitants. Ils défendent aussi un "circuit-court culturel", qui redonnerait une plus grande part aux artistes locaux, une solution essentielle face à "l'urgence culturelle".
À Lyon, des états généraux des droits culturels
"Les artistes sont souvent les premiers à penser le monde de demain"
Grégory Doucet
Maire de Lyon
"La précarité dans la culture est structurelle, il faut intervenir vite, c'est un secteur qui dépend directement de l'action publique. À Lyon, le budget de la culture sera sanctuarisé, on va lancer des états généraux pour remettre à plat la politique culturelle", nous a confié le nouveau dirigeant de la capitale des Gaules. Grégory Doucet se donne un an et demi de réflexion avant de lancer de nouvelles orientations qui associeraient tout le monde. Mais si Gérard Collomb avait inauguré le Musée des Confluences, Grégory Doucet ne prévoit pas la construction de nouveaux équipements, "on a déjà un écosystème culturel d'une richesse exceptionnelle, des festivals et des lieux fantastiques. Ce qu'il faut simplement, c'est que tout le monde puisse exercer et créer". Pas de chantiers qui en mettrait plein la vue donc, mais des moyens donnés à la culture de proximité, aux MJC par exemple, ou aux écoles. Celles-ci pourront accueillir des artistes en résidences par exemple. Que chacun devienne acteur, voilà donc l'ambition culturelle principale de cet élu de 46 ans.
Grégory Doucet parle de "culture verte" comme d'une culture émancipatrice, une culture implicante, que tout le monde pourrait s'approprier. Et pour lui, cela coule de source, la culture et les questionnements écologistes sont intimement liés : "Les artistes sont souvent les premiers à penser le monde de demain, et à nous interroger sur ce qu'il est aujourd'hui."
L'urgence de faire face au "dérèglement culturel" de Bordeaux
À Bordeaux, le nouveau maire Pierre Hurmic fustige un "dérèglement culturel". "On a constaté ces dernières années des prises de décisions verticales, des faits du prince, avec un malaise grandissant entre les acteurs culturels et la municipalité. Notre impératif est de rétablir du dialogue et de la confiance", explique l'élu girondin. Cet ancien avocat ne souhaite plus d'une mairie qui fasse de l'événementiel en confondant culture et communication, "on va mettre les acteurs culturels au coeur de notre politique", annonce-t-il.
"Il serait temps que la culture devienne une priorité, et non plus une variable d'ajustement"
Pierre Hurmic
Maire de Bordeaux
Pierre Hurmic regrette que la culture soit trop souvent l'oubliée des politiques, "il serait temps que ça devienne une priorité, surtout dans le contexte actuel, la culture ne devrait pas être une variable d'ajustement mais un outil de sortie de crise", lâche-t-il. À l'instar des états généraux proposés à Lyon, le maire de Bordeaux veut organiser un "Forum des acteurs culturels" en associant les professionnels et les habitants, et au terme duquel il souhaite s'engager avec transparence sur les modes de financements et d'interventions de la ville.
Le maire de Bordeaux parle des écoles, de leur lien nécessaire avec les artistes, et de la multiplication des projets culturels "Hors les murs" qui doivent irriguer tous les quartiers. Il souhaite également soumettre l'attribution des subventions (qui seront instituées de manière pluriannuelle) à des critères sociaux et environnementaux. "Il faut que les acteurs culturels respectent les impératifs liés à l'urgence climatique que nous avons décrétée à Bordeaux, que ce soit dans leurs équipements, leurs déplacements ou leur quantité de déchets", insiste l'homme à l'accent prononcé.
Mesure concrète enfin pour l'accès des plus précaires aux institutions culturelles : la création d'une carte, provisoirement nommée Bordeaux ma carte. Celle-ci donnera accès aux différents services municipaux et métropolitains (culturels mais pas que) suivant des tarifs proportionnels aux revenus de chacun, allant jusqu'à la gratuité pour les plus pauvres. Une manière de diversifier le public culturel. Et il va plus loin encore en remettant sur la table la question du paiement des musées avec la "Miel", la monnaie locale bordelaise. Une idée qu'il avait déjà suggérée, en tant que conseiller municipal, à l'ancien maire Alain Juppé. Pour finir, ce maire plein d'ambitions souhaite redessiner les missions des grandes institutions et évoque un transfert de la gestion de l’Opéra, onéreuse pour la municipalité, à la Métropole.
Emmanuel Denis pense aux tourangeaux avant tout
"On veut remettre les acteurs locaux au coeur de notre politique culturelle"
Emmanuel Denis
Maire de Tours
"Nous allons réenchanter la ville !", s'enflamme Emmanuel Denis, le nouveau maire de Tours, lorsqu'il nous parle d'une des premières nouveautés culturelles de son mandat : le festival d'été...
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