Après l’accord entre le Conseil supérieur de l’audiovisuel et les services de vidéos à la demande sur le financement de la création, une centaine de professionnels disent, dans une tribune au « Monde », leur colère face à la part dérisoire accordée à la non-fiction.
Après deux ans d’un immense effort, tant au niveau national qu’européen, devant amener les plates-formes de SVOD américaines (Amazon Prime Video, Disney + et Netflix) à contribuer à la création française, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a choisi de conclure, dans la précipitation, des conventions avec celles-ci en écartant les créateurs et leurs représentants.
Un des aspects essentiels de ces négociations portait sur la question de la diversité de la création indépendante. Inscrite dans le décret SMAD (relatif aux services de médias audiovisuels à la demande), qui régit les obligations d’investissement de ces plates-formes en France, cette disposition devait permettre d’en flécher une partie vers d’autres genres que la fiction.
Respecter la diversité de la création indépendante, c’est s’assurer d’une pluralité des points de vue et des sensibilités. Aucun genre n’incarne mieux cette préoccupation que le documentaire.
Pour les professionnels, l’enjeu était de taille. Dans un environnement économique qui ne cesse de se dégrader, les plates-formes apparaissent en effet comme le seul relais de croissance d’une filière à bout de souffle. Croissance économique bien sûr, mais aussi artistique, les plates-formes ayant révolutionné les codes du genre documentaire et son attractivité.
Depuis le choc Making a Murderer [thriller documentaire de Laura Ricciardi et Moira Demos diffusé sur Netflix entre 2015 et 2018], un nouveau public s’est ouvert au réel et va chercher de nouvelles formes de récits, devenues la marque de fabrique de ces plates-formes. Le documentaire est ainsi un marqueur de leur offre, certaines séries devenant même de véritables succès mondiaux, comme Wild Wild Country (2018), de Jay et Mark Duplass, Notre Planète (2019), de David Attenborough, ou Formula 1. Pilotes de leur destin, par exemple.
Des chiffres effrayants
Progressivement, des séries françaises ont fait leur apparition sur Netflix comme ...
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