Trois textes appellent à une levée du confinement des lieux d’exposition.
Trois appels en trois jours : les initiatives se multiplient face à une fermeture des musées qui, en France, s’éternise alors qu’en Italie, par exemple, des portes se rouvrent. « Les musées sont sans doute les lieux où les interactions humaines et les risques de contamination sont les moins avérés », plaidait, dimanche 31 janvier dans Le Monde, un collectif de personnalités demandant une réouverture immédiate des lieux d’art et de patrimoine. Le lendemain paraissait dans The Art Newspaper Daily une tribune réclamant un soutien financier pour les artistes des arts plastiques et visuels. Puis, mardi 2 février, Emma Lavigne, la présidente du Palais de Tokyo, relayait sur le site Change.org une lettre ouverte envoyée à la ministre de la culture appelant à une levée du confinement des centres d’art.
Ces trois textes font entendre un même sentiment d’injustice et d’impuissance. « Pour une heure, pour un jour, pour une semaine ou pour un mois, laissez-nous entrouvrir nos portes, même si nous devions les refermer en cas de nouveau confinement ou de renforcement des mesures sanitaires », plaide la lettre du Palais de Tokyo. Contactée par Le Monde, Emma Lavigne ne se résigne pas à l’attente : « Cela fait des semaines, des mois, que l’on est sans arrêt en train d’essayer de se projeter dans l’avenir, incertain. Nous n’avons toujours pas compris pourquoi nous étions fermés, alors que nous sommes des lieux de traversée où nous pouvons assurer des jauges sanitaires optimales. Nous avons besoin de rouvrir nos portes, même au compte-gouttes. »
Elle explique que la réouverture des musées, attendue pour le 20 janvier, puis repoussée sine die lors de l’apparition des variants du virus, ainsi que la détresse des étudiants, soulignée par Emmanuel Macron dans son dernier discours, ont été le déclic. « Nous nous étions battus pour nos expositions de l’automne, pour la plupart restées ouvertes à peine une semaine, puis pour proposer des ateliers adaptés pendant les vacances de Noël, mais toute cette énergie est restée gelée. »
« C’est très grave »
Comme les nombreuses institutions qui se sont associées à sa démarche, elle dit préférer « l’hypothèse des stop-and-go aux portes cadenassées » : « C’est très grave si la culture reste dans cet état de silence. Tant que les gens peuvent circuler, aller dans les magasins ou les lieux de culte, on a envie de jouer notre rôle, d’être des acteurs au milieu de cette crise. Nous avons tous besoin de partage, et on peut inventer de nouveaux protocoles », martèle-t-elle en soulignant que l’expérience numérique a ses limites.
« L’enseignement comme l’expérience de l’art achoppent sur le distanciel »,renchérit Emmanuel Tibloux, le directeur de l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs, à Paris, qui a fait circuler la lettre ouverte auprès des écoles d’art. « Les lieux de l’art sont des lieux...
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