Dans une tribune, le syndicat critique sans ambages la politique de l’Etat en matière de culture. Inquiet, il appelle à un sursaut et réclame 200 millions d’euros pour le secteur culturel public.
Depuis 2017, année d'élection d'Emmanuel Macron, le Syndeac (Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles) a attendu… et n’a pas vu. Après avoir, cet été, « dénoncé la politique gadget du gouvernement », il vient de rédiger une tribune qui est une critique violente et étayée de la manière dont le chef de l’Etat, à mi-mandat, et l’exécutif appréhendent les questions culturelles.
«Est-ce que le Président ne parle pas de culture parce qu’il n’a rien à en dire ? Est-ce qu’il ne propose que le Pass Culture, dispositif qui est loin d’avoir fait ses preuves en Italie, parce qu’il pense que l’accès à la culture ne se règle que par l’argent ? », écrit le conseil national (présidé par Marie-José Malis, directrice du Théâtre de la Commune à Aubervilliers).
« On nous a dit : il est difficile de justifier devant le pays l‘engagement budgétaire dans une grande politique culturelle quand sont en souffrance les hôpitaux, les commissariats et l’ensemble des services publics. Comment raconter cela à la nation ? Mais il se trouve que c’est ce que demandent les gens : redonnez-nous les moyens de transmettre à nos enfants une possibilité d’ascension. »
Fustigeant «une stratégie politique de droite», le syndicat dénonce le manque d’ambition du budget 2020 de la rue de Valois. «Aujourd’hui, un ministre de la Culture est secondarisé par les initiatives présidentielles et par l’économisme gouvernemental. Le budget de 2020 est l’illustration de cette fausse existence. C’est un budget qui attaque les deux versants de la même montagne ; les crédits dédiés à la création sont plus faibles alors même qu’on vient d’y transférer les lignes d’un programme en faveur de l’emploi artistique. C’est dire. « Mettre les artistes au centre », comme le revendique le Ministre, aurait dû aboutir à soutenir la création, ou bien ? Quant à l’ambition maintes fois répétée en faveur de l’éducation artistique et culturelle (le fameux 100 % EAC !), les crédits baissent eux aussi, et la méthode pour y parvenir n’est pas posée. Et c’est une très mauvaise nouvelle pour ceux d’entre nous qui dépendent du service public pour acquérir une expérience de ce que peut l’art dans la vie.»
Le Syndeac a toujours dans sa ligne de mire les Micro-Folies, le Pass Culture, la Cité du Théâtre, qui amputent le budget du ministère de la Culture. « Des choix sont faits. Ils sont le fruit d’une vision de classe. » Il continue à demander 200 millions d’euros, pour :
- une remise à niveau des établissements et équipes culturels ;
- une nouvelle politique d’implantation des artistes au sein des populations : zones pavillonnaires, zones rurales, zones intermédiaires, centres-villes désertés ;
- une politique d’expérimentation pour livrer les prototypes et les nouveaux modes de gouvernance et de financement de la politique culturelle du XXIe siècle.
Antoine Blondel
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