Seuls 20 % des établissements scolaires ont utilisé la « part collective » de ce dispositif étendu, depuis le 10 janvier, dès la classe de 4e.
D’un quinquennat à l’autre, le Pass culture reste le projet prioritaire de la politique culturelle d’Emmanuel Macron. Après l’avoir généralisé à tous les jeunes âgés de 18 ans en mai 2021, étendu aux élèves dès la classe de 4e depuis le 10 janvier, le président réélu souhaite désormais l’élargir dès la classe de 6e. Mais quel est le bilan actuel de ce dispositif censé démocratiser et diversifier l’accès à la culture ?
« Si, à la fin de l’année, on parvenait à avoir trois millions de jeunes utilisateurs réguliers de l’application géolocalisée Pass culture, ce serait formidable », a indiqué, mardi 26 avril, Sébastien Cavalier, président de la SAS Pass culture, lors de son audition devant la commission culture du Sénat. Potentiellement, avec l’extension dès la 4e, « nous nous adresserons, à terme, à six millions de personnes », a-t-il complété.
Pour l’heure, 1,8 million de jeunes gens se sont inscrits sur le Pass, et son développement au sein des collèges et lycées avance à petits pas. « 20 % des établissements scolaires l’ont utilisé depuis le 1er janvier, indique Sébastien Cavalier. L’un des enjeux à venir est de réussir l’appropriation de la “part collective” par les enseignants. » Lundi 18 avril sur France Culture, Emmanuel Macron n’avait pas eu cette prudence d’analyse et estimait que le Pass était devenu « un immense succès parce qu’on a[vait] travaillé avec les professeurs ».
800 euros par classe
Pour bien comprendre le dispositif – largement remanié depuis sa création –, il faut savoir que l’enveloppe de 500 euros offerte aux jeunes pour accéder à des activités et pratiques culturelles de leur choix est désormais distribuée en deux étapes : 200 euros entre 15 et 17 ans (dont 120 euros par élève en « part collective » directement versée aux établissements pour financer des sorties culturelles ou des accueils d’artistes) et 300 euros à 18 ans, à dépenser individuellement suivant ses envies.
La « part collective », qui permet à chaque classe de disposer d’environ 800 euros, se veut « un nouvel outil pour généraliser l’éducation artistique et culturelle (EAC) ». Les professeurs qui ont eu recours depuis quatre mois à cette « part collective » – dont l’utilisation est validée par le chef d’établissement – l’ont employée à 40 % pour un spectacle vivant. Une bonne nouvelle pour le théâtre. Et à 15 % pour une séance de cinéma.
« La nature de l’utilisation de la “part collective” est très différente de la part individuelle », constate M. Cavalier. Ainsi, le spectacle vivant ne représente que 4 % des achats des jeunes de 18 ans inscrits sur le Pass et concerne essentiellement les festivals et les concerts de musiques actuelles. A titre d’exemple, le Printemps de Bourges (qui s’est tenu du 19 au 24 avril) a vendu 3 800 billets avec le Pass culture, « soit 11 % de ses ventes », souligne le président du Pass culture.
Un « bien public partagé »
Par ailleurs, la réouverture des lieux culturels depuis juin 2021 a entraîné « une inflexion de la consommation », note-t-il. L’achat de livres (56 % des dépenses en 2021) enregistre « une légère baisse », tandis que les sorties au cinéma (17 % en 2021) « progressent au premier semestre 2022 ».
Devenu, comme le résume Sébastien Cavalier, un « bien public partagé, financé par les impôts », le Pass culture (254 millions d’euros de budget pour 2022) a encore beaucoup de défis à relever pour inciter tous les acteurs culturels (notamment les musées et les bibliothèques) à rejoindre l’application, toucher véritablement tous les jeunes et les inciter à...
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