La ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, a présenté son premier budget. Un pass culture consolidé, un soutien pour les lieux de culture confrontés à la hausse des prix de l’énergie, le financement de l’audiovisuel… Voici ce qu’il faut retenir.
« Aucun chiffre ne peut raconter comment la culture bouleverse nos vies », a tenu à souligner la nouvelle ministre, Rima Abdul-Malak, ce lundi 26 septembre. Mais quand on est ministre de la Culture et qu’on présente, à chaque rentrée, son projet de budget, il faut bien se coltiner quelques chiffres. Nous en avons retenu quatre, emblématiques de la politique culturelle portée par le gouvernement ou ancrés dans l’actualité.
4,2 milliards de budget global
« Le budget que je présente est un budget de résilience et d’action, qui va s’élever à 4,2 milliards d’euros » : dans les salons de la rue de Valois, Rima Abdul-Malak n’était pas peu fière d’annoncer que le premier budget de la culture du quinquennat dépasse la barre symbolique des 4 milliards d’euros… comme l’année dernière. Roselyne Bachelot se targuait en effet du même exploit – « un accroissement sans précédent », clamait-elle, alors que son budget s’établissait à 4,083 milliards.
Comme souvent, le diable se cache dans les détails. En l’occurrence, cette année, le chiffre annoncé n’intègre pas les pensions de retraite, dont le montant est par nature imprévisible. En outre, de savants transferts de crédits d’un ministère à l’autre, ou des écarts parfois importants entre les montants mobilisables et les sommes réellement dépensées font, in fine, de la présentation du budget un exercice de jonglage délicat qui autorise peu les comparaisons d’une année sur l’autre.
En 2023, le projet de budget s’élève donc à 4,2 milliards d’euros, soit une augmentation de 7 %. En y ajoutant les 3,8 milliards d’euros de crédits à l’audiovisuel public, les taxes et ressources affectées (769 millions d’euros, qui servent notamment à financer le cinéma, le théâtre et spectacle vivant privé), les recettes du Loto du patrimoine (20 millions d’euros) et 2 milliards d’euros de crédits d’impôts, le budget global de la culture pour 2023 s’élève à 11 milliards d’euros, en hausse de plus de 500 millions par rapport à 2022. Un montant jamais atteint.
208,5 millions pour le pass culture
Promesse présidentielle énoncée dès 2017, le pass culture est déployé depuis le 1er janvier 2022 dans ce qui ressemble à une version définitive, finalement bien différente du projet initial mais enrichie des différentes expérimentations menées depuis 2018. Avec 208,5 millions d’euros pour 2023, son budget est conséquent – en hausse de 9,5 millions d’euros. Du fait de son usage différencié, le ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse apporte 51 millions d’euros supplémentaires, tandis que les partenaires privés contribuent à hauteur de 9 millions d’euros.
Au collège, les élèves de 4e et de 3e disposent d’une part dite « collective » de 25 euros, gérée par les enseignants, pour faire venir des artistes ou organiser des sorties scolaires, des visites de monuments, des ateliers etc. En classe de seconde et pour les élèves de CAP, elle est portée à 30 euros, puis à 20 euros pour les élèves de première et de terminale. L’ajout de cette tranche collective a permis un « rééquilibrage », qui profite indéniablement au spectacle vivant : il arrive en tête des activités proposées par les enseignants, tandis qu’individuellement les jeunes plébisciteraient le livre, la musique et le cinéma.
Parallèlement, une part dite « individuelle » est accessible à tout jeune, scolarisé ou pas, dès ses 15 ans et jusqu’à la veille de ses 18 ans : elle s’établit à 20 euros la première année, puis 30 euros à 16 et 17 ans. L’année de leurs 18 ans, les jeunes ont accès à un crédit de 300 euros qu’ils ont deux ans pour utiliser en réservant des sorties culturelles ou en achetant des biens culturels physiques ou numériques : livres, concerts, festivals, places de théâtre, abonnements numériques, pratique artistique…
L’enjeu est important car, au total, quelque 6,4 millions de jeunes sont potentiellement concernés par la tranche collective, et plus de 4 millions par la tranche individuelle. Il s’agira, ensuite, d’ancrer le pass culture auprès des élèves de 6e et 5e, à partir de septembre 2023.
56 millions pour la transition écologique
Accélérer la transition écologique et se donner les moyens de faire face à la crise énergétique – oui – mais pas au détriment de l’accès aux lieux de culture. Rima Abdul-Malak a été très ferme sur sa politique en la matière. Et pour ceux qui n’auraient pas compris le message, la ministre, pourtant peu portée à la critique en public, n’a pas hésité à donner l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire : fermer les musées un jour supplémentaire et à l’heure du déjeuner, comme l’a récemment décidé la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian. Surtout, a-t-elle insisté, quand on « drape cette solution dans la vertu de la sobriété énergétique, alors qu’il ne s’agit en réalité que de la difficulté à faire des choix en matière budgétaire ».
En 2023, le ministère de la Culture sait bien qu’il aura à gérer l’augmentation rapide des coûts de l’énergie et s’est donné les moyens de les absorber sans recourir à des fermetures temporaires de lieux de culture. A cet effet, une nouvelle ligne de 56 millions d’euros est apparue dans le budget. Objectif : soutenir les établissements culturels de l’Etat confrontés à l’envolée de leur facture énergétique. Voilà pour le court terme. Pour le moyen et le long terme, le ministère va jouer sur son budget d’investissement. Doté de 663 millions d’euros, il est en hausse notable de 66 millions (+11 %) et, promis juré, l’essentiel de cette augmentation ira financer des travaux contribuant à l’isolation thermique et à l’amélioration énergétique des bâtiments culturels. Autant dire qu’en ce domaine il y a du travail et de l’argent à investir pour quelques décennies, avec en contrepartie une baisse des coûts de fonctionnement, a tenu à souligner Rima Abdul-Malak, citant l’exemple du musée d’Orsay, qui, après avoir équipé ses espaces en LED, a économisé un tiers de sa consommation électrique en...
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