"C’est l’abattement, le découragement", concède une professionnelle du monde de la culture qui voit l'année 2020 se terminer sur une triste note après les annonces de Jean Castex.
COVID-19 - “Une décision particulièrement douloureuse” pour Jean Castex, et un “abattement, un découragement” pour le monde de la culture. Dans son allocution ce jeudi 10 décembre, le premier ministre a annoncé de nouvelles mesures visant à limiter la propagation de l’épidémie de coronavirus. Et de doucher les espoirs des cinémas, théâtres et musées qui devront garder portes closes pour au moins trois semaines encore, après le 15 décembre.
“On retenait notre souffle depuis quelques jours parce qu’on savait que la partie n’était pas gagnée. Mais là c’est l’abattement, le découragement”, souffle Audrey Ellouk, secrétaire générale de la Fédération des entreprises du spectacle vivant, de la musique, de l’audiovisuel et du cinéma (Fesac), jointe par Le HuffPost. Car comme quelque 60 millions de Français, les acteurs du monde de la culture ont appris la non-réouverture de ces lieux en direct devant le discours de Jean Castex.
Pourtant depuis la mise en place du calendrier initial du déconfinement le 24 novembre, les répétitions de théâtre ou de danse avaient repris, les musées travaillaient au retour des visiteurs, les distributeurs avaient annoncé de nouvelles dates de sorties pour leurs films espérant terminer une année 2020 très compliquée sur une note un peu plus heureuse. “Je sais que le secteur culturel s’était préparé, les artistes ont répété, tout était prêt pour que le rideau se lève et les écrans s’allument”, évoque d’ailleurs le Premier ministre à juste titre.
“On avait tellement eu d’espoir. Tout le monde voulait recommencer et avait envie de travailler”, confirme la porte-parole de la fédération qui réunit les organisations syndicales de quelque 300.000 salariés d’entreprises du spectacle vivant et enregistré en France. Surtout que les fêtes de fin d’année et les congés qui les accompagnent sont une période importante pour le monde du spectacle où les uns vont au théâtre, les autres au cinéma...
Alors malgré la perspective d’un couvre-feu à 21h, tout avait été repensé: programmer une dernière séance à 18h15 pour “Wonder Woman 1984”, le blockbuster de cette fin d’année long de 2h30, ou même “demander aux artistes de raccourcir leur spectacle de 15 minutes” pour pouvoir caser tout le monde dans le planning, comme le racontait la directrice du Point Virgule, Antoinette Colin, au Parisien.
“Là cette annonce va diffuser une sorte de découragement. Clairement, on coupe les ailes du monde de la culture”, concède Audrey Ellouk au HuffPost.
Depuis le printemps et l’invective à “enfourcher le tigre” d’Emmanuel Macron au monde de la culture lors d’une prise de parole remarquée, les professionnels du secteur ont montré leur capacité à s’adapter, à se saisir du numérique et de toutes les nouvelles formes possibles. Mais ce couperet final est difficile à digérer.
“On a toujours agi en responsabilité et placé la stratégie sanitaire avant. Mais là c’est l’incompréhension. Cette stratégie interroge”, évoque notre interlocutrice qui mentionne les images de foules de ce week-end dans les grands magasins notamment. “En fait, nous sommes le seul secteur où la distanciation physique peut être respectée qui n’est pas ouvert!”
“Pour limiter une vague épidémique, les protocoles sanitaires ne suffisent pas, il faut limiter les flux, les mouvements de population”, justifie en retour le Premier ministre Jean Castex.
Ce jeudi 10 décembre en début d’après-midi, la société de production Le Pacte de Jean-Labadie, dont les films “ADN” et “La Daronne” devaient ressortir en salles dès le 15 décembre, partageait une vidéo comparant les quais bondés du métro ou les files d’attente des centres commerciaux aux salles de cinéma quasi vides, dénonçant des choix jugés injustes par une partie du monde de la culture.
Rien que pour les salles de cinéma, le manque à gagner sur cette année 2020 est abyssal. “5 mois de fermeture des cinémas, 4 mois d’exploitation contrainte (jauges et/ou couvre-feux), et 69,5M d’entrées cumulées, c’est -70% par rapport à 2019”, indique sur Twitter Christophe Courtois, directeur de la distribution chez SND.
Difficile encore de dire quand et comment le monde de la culture reprendra...
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