Créé en 2000, le Centre national de la musique a été d'emblée plongé dans la gestion des mesures de l'Etat pour contrer les effets de la crise sanitaire. Pour ce qui est de ses missions sur le long terme, les professionnels des musiques dites « classiques » et « de création » et ceux de l'art lyrique pointent un manque de clarté dans la répartition des rôles avec le ministère de la Culture.
« Il faut se parler » : voilà en un mot le message adressé au ministère de la Culture par la lettre signée conjointement par la Réunion des opéras de France (ROF) et l’Association française des orchestres (AFO). Dans ce courrier daté du 18 janvier 2022, les signataires expliquent qu’ils perçoivent des « ambiguïtés gênantes », quant à la répartition des rôles entre le ministère de la Culture et le Centre national de la musique (CNM). Créé il y a deux ans, par la fusion de différentes structures issues du monde des musiques actuelles, cet établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) n’a toujours pas, aux yeux de la ROF et de l’AFO, des contours bien clairs.
Qui pour piloter l’observation des données du secteur musical ?
« Quelles sont les modalités d’intervention du CNM ? Et comment se met en œuvre la complémentarité annoncée entre cette nouvelle structure et la direction générale de la création artistique [ministère de la Culture, ndlr] ? Car, jusqu’ici, les différences ne sont pas vraiment très marquées », s’interroge Frédéric Pérouchine, directeur de la ROF.
Du côté de l’Association française des orchestres, on fait le même constat. Tout en saluant la qualité du travail fait depuis ses débuts par le CNM, dont les équipes sont jugées « compétentes et dynamiques », Philippe Fanjas, directeur de l’AFO, explique que « certaines thématiques intersectorielles, comme l’observation des données du secteur, sont instruites par le ministère de la Culture comme par le Centre national de la musique. Or ces sujets obligent à un dialogue avec les collectivités, qui doit être activé par le ministère, ce dernier restant notre interlocuteur historique ».
Et d’enfoncer le clou : « Que des organismes accompagnent l’action du ministère pourquoi pas. Mais, là, il y a un cumul d’objectifs qui brouille le signal. Nous avons besoin d’une clarification. »
Equité territoriale
Après deux ans d’existence du CNM, le secteur des musiques dites « de patrimoine » et « de création » (baroque, lyrique, contemporaine, classique) reste en effet dans le brouillard. Avec, en arrière-plan, la crainte de voir les subventions publiques, justifiées par la mission d’intérêt général de ce secteur, dépendre d’une autre autorité que celle du ministère de la Culture.
« Nous avons besoin d’une parole politique pour fixer les objectifs de l’utilisation de ces subventions et le maintien d’une équité territoriale », précise Philippe Fanjas. Un peu partout sur le territoire, ce sont les directions régionales des affaires culturelles les premiers interlocuteurs des collectivités et du secteur musical. Le CNM est basé dans la capitale, sans représentation territoriale. « A l’échelle de la politique culturelle en France, c’est un outil nouveau avec lequel nous avons besoin d’échanger. Nous avons la volonté de mieux travailler ensemble », rappelle Frédéric Pérouchine.
Ce d’autant plus que la mission revendiquée par le CNM est de...
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