Un collectif de plus de 100 directeurs artistiques d’ensembles de musique classique indépendants, parmi lesquels Emmanuelle Haïm et François-Xavier Roth, interpelle, dans une tribune au « Monde », la ministre de la culture, Rima Abdul Malak, car ils estiment faire les frais d’une politique qui soutient d’abord l’industrie musicale et les grandes institutions.
Nous, directrices et directeurs des ensembles indépendants membres de la Fédération des ensembles vocaux et instrumentaux spécialisés (Fevis), souhaitons alerter sur les risques engendrés par les orientations prises du ministère de la culture et des pouvoirs publics depuis quelques années, particulièrement depuis quelques mois. Cette action, qui tend principalement à soutenir l’industrie musicale d’un côté et les institutions labellisées de l’autre, menace désormais l’existence même de nos ensembles.
Depuis cinquante ans, le paysage musical a été profondément transformé par l’émergence de nombreux ensembles qui, de la musique ancienne, classique ou contemporaine, en passant par les musiques improvisées, ont apporté une diversité sans précédent dans notre histoire musicale. Ces ensembles vocaux et instrumentaux, qui maillent notre pays sous la bannière de l’indépendance artistique, ont inventé un nouveau modèle qui répond aux enjeux majeurs de la création et de la diffusion de la musique aujourd’hui.
Innovation, adaptabilité, souplesse, engagement sont autant de valeurs qui rassemblent artistes de haut niveau et équipes administratives surmotivées pour porter tous les répertoires au plus près des publics, dans les salles reconnues comme dans les lieux les plus éloignés du spectacle vivant. Imaginatifs dans les formes de concerts ou de spectacles pluridisciplinaires, dans les constructions d’actions culturelles inédites, ils favorisent l’émergence et l’insertion professionnelle de nombreux jeunes artistes ainsi que leur évolution et leur mobilité tout au long de leur carrière. Ils savent consolider leur ancrage sur les territoires en multipliant les concerts et les actions de proximité.
Disparition annoncée
Nos ensembles jouissent également d’une très grande reconnaissance, au niveau national comme à l’international, avec chaque année plus de 6 000 concerts dont un millier à l’étranger, sur tous les continents, contribuant ainsi très largement au rayonnement artistique et culturel de la France. Quant à leur modèle économique, ils s’attachent à le rendre le plus vertueux possible, à la recherche permanente du meilleur équilibre entre le projet artistique et le fonctionnement de la structure, ou encore de la plus...
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