Jeudi soir, un homme a arraché les fils électriques d'un boîtier électrique alimentant la salle où se jouait le spectacle Fille ou garçon ?. Il a été placé en garde à vue. Le mouvement catholique traditionaliste Civitas dément qu'il s'agissait d'un de ses membres.
«Une atteinte inacceptable à la liberté de création et de diffusion» : voilà comment est qualifié le «sabotage» dont a fait l'objet le spectacle Fille ou garçon ?, jeudi soir à Nantes. La condamnation émane de Nicolas Marc, le codirecteur du festival Petits et Grands dans lequel l'événement était proposé, et d'André Hisse, le directeur de La Bouche d'Air, l'association programmatrice de la salle Paul-Fort où se déroulait le spectacle musical qui aborde le sujet du genre et est présenté comme accessible aux enfants dès cinq ans.
En marge de la représentation, vers 19h30, un homme a arraché les fils électriques d'un boîtier électrique alimentant le bâtiment, situé à l'extérieur de celui-ci. «Il a aussi ôté les fusibles et limé le compteur», précise au Figaro, une source policière. Interpellé à 20h15, l'individu incriminé a été placé en garde à vue «des chefs de vol en réunion (un fusible) et entrave à la liberté d'expression», confirme Renaud Gaudeul, le procureur de la République de Nantes. «Le parquet a décidé de prolonger cette garde à vue ce vendredi soir», indique-t-il en complément, précisant que l'individu est âgé de «50 ans».
Des collages hostiles au spectacle
Dans un article du quotidien régional Presse Océan , il est mentionné que l'homme impliqué serait un électricien de métier, connu pour être un «opposant des mouvements transgenres». Il est aussi présenté comme un membre du mouvement catholique traditionaliste Civitas. Une information que dément son président, Alain Escada. «Je m'inscris en faux contre cette accusation. Les militants de Civitas n'ont rien organisé hier soir [jeudi] en marge de ce spectacle. Les membres de la section nantaise m'assurent qu'aucun de leurs membres n'est impliqué dans cette affaire», affirme-t-il au Figaro. «Nos actions ont toujours respecté le cadre légal», ajoute-t-il.
Il reconnaît néanmoins que son organisation a été à l'origine de plusieurs actions de «collage» en amont du spectacle. Il y a une quinzaine de jours, dans un communiqué, Civitas avait aussi dénoncé une «intrusion idéologique intolérable» pour critiquer la participation d'une trentaine de classes de Loire-Atlantique, dont 19 de Nantes, à des représentations du spectacle. En réponse, la Ville de Nantes avait alors dénoncé une «instrumentalisation politique» d'un projet artistique «sérieux» validé par le ministère de l'Éducation nationale.
Éclairage perturbé
Du côté d'André Hisse, le son de cloche est bien différent. Il indique au Figaro que «plusieurs personnes» ont été «au contact des spectateurs» avant le début du spectacle pour les dissuader d'assister au spectacle, évoquant un contenu au «caractère nocif». Si aucun signe distinctif n'était visible, «les propos des participants laissaient sous-entendre» qu'ils appartenaient à Civitas, selon le directeur de La Bouche d'Air qui a pu discuter avec certains d'entre eux malgré un dialogue «impossible».
En colère contre «une action de force», auquel il est confronté «pour la première fois», il se félicite que le spectacle ait pu être joué : «Les conditions ont été légèrement dégradées mais sont restées satisfaisantes.» Dans un communiqué, les organisateurs précisent que l'éclairage a été «fortement perturbé» mais que «le son n'a pas été affecté» et que «grâce au courage des artistes et à l'enthousiasme du public [plus de 200 personnes, NDLR], le spectacle a pu être joué jusqu'à son terme». Ils annoncent être «déterminés» à donner à «ces agissements», une suite judiciaire. Pour sa part, André Hisse a déjà été porté plainte jeudi soir auprès du commissariat de Nantes. Même chose pour le Festival Petits et Grands.
Une «censure inacceptable»
Ce vendredi après-midi, la Ville de Nantes informe qu'elle va à son tour porter plainte. «Cet acte violent est une tentative de censure inacceptable et dangereuse de la part d'un groupuscule intégriste déjà connu pour des faits similaires dans le passé, à Nantes ou ailleurs en France. Nous ne laisserons pas faire», a précisé Aymeric Seassau, adjoint à la culture, qui cible lui aussi Civitas et rend responsable le mouvement d'une «atteinte à la liberté artistique».
«Ce spectacle à destination des enfants est proposé dans le cadre des parcours d'éducation artistique et culturel soutenus par l'Éducation Nationale. Il a une vocation...
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