Le « gendarme » de la concurrence se dit « vigilant » face aux concentrations à l’œuvre dans le service de billetterie, de salles de spectacle et de festivals, sur lesquelles plane aussi l’ombre des GAFA.
L’Autorité de la concurrence a assuré, fin mai, qu’elle serait « vigilante » à l’égard des regroupements et concentrations du domaine de la billetterie dans les musiques actuelles (pop, rock, électro, reggae, variétés, jazz et musiques du monde), dans un avis demandé par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale.
Isabelle de Silva, présidente de l’Autorité de la concurrence, a constaté ces dernières années « un certain nombre de regroupements dans la billetterie » en redoutant « des effets d’exclusion » si « la concurrence n’est pas maintenue ». Toute la chaîne de l’industrie musicale a, selon elle, « essayé de se déplacer vers la vente de billets de spectacle ». A ses yeux, « les regroupements importants » de billetteries, de salles de spectacle et de festivals constituent « un phénomène qui mérite d’être suivi ».
Le « gendarme » de la concurrence a dressé un tableau précis des métamorphoses que vit la filière musicale, dans sa course à la diversification. Après une décennie de crise jusqu’en 2010, le secteur a rebondi grâce au streaming et au développement des plates-formes, comme Apple Music, Google Play Music, YouTube Music, Amazon, Deezer ou Spotify. Ce qui a incité les autres opérateurs à chercher de nouveaux relais de croissance. Les maisons de disques ont ainsi étendu leurs activités dans la production de spectacles, l’organisation de festivals, l’exploitation de salles de spectacle ou la billetterie.
Intégration verticale
Vivendi, la maison mère d’Universal Music, a, par exemple, appliqué à la lettre cette logique d’intégration verticale : elle produit des spectacles et des festivals (Brive Festival, Les Déferlantes, Garorock), exploite des salles, notamment l’Olympia, à Paris, et exerce des activités de billetterie avec See Tickets (ex-Digitick).
De la même manière, Warner Music, Sony Music ou les labels indépendants Wagram Music ou Because se sont diversifiés. Les exploitants de salles comme Fimalac (Pleyel, Zénith et Arena) se sont lancés dans la production de spectacles, la réservation de billets, la gestion de l’univers des artistes… D’autres acteurs des médias, tels Lagardère, Morgane Production ou TF1, ont fait leur entrée dans les musiques actuelles.
Sans compter les deux mastodontes mondiaux d’organisation de spectacles, Live Nation et AEG, qui ont créé ou pris des participations dans des festivals majeurs – Lollapalooza à Paris, Main Square à Arras pour le premier, ou l’exploitation de l’AccorArena à Paris pour le second.
Mais, surtout, l’Autorité de la concurrence note la main de plus en plus...
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