D’après le président de la Cisac, une confédération de 228 sociétés d’auteurs, le manque d’informations précises sur chaque morceau musical diffusé sur les plates-formes lèse gravement les créateurs.
Selon Björn Ulvaeus, président de la Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs (Cisac), « les créateurs ont besoin, dans l’univers du streaming, de métadonnées fiables ». L’ancien guitariste et chanteur du groupe ABBA estime, à la faveur de l’étude annuelle publiée jeudi 27 octobre par cette organisation regroupant 228 sociétés d’auteurs et 4 millions de créateurs dans 119 pays, qu’« une trop grande partie des données nécessaires pour identifier et rémunérer les créateurs sont incomplètes ou manquantes quand les œuvres sont intégrées par les services de streaming [dans leur catalogue] ». Au point que « des centaines de millions de dollars restent sans attribution, au lieu de revenir aux créateurs », assure-t-il.
M. Ulvaeus se félicite que la Cisac ait déjà modernisé l’identifiant des œuvres musicales dans son répertoire, tout en le mettant à la disposition des sociétés. Mais « l’adoption plus généralisée de cet identifiant reste encore lente », regrette-t-il. Il se réjouit du premier pas effectué par le gouvernement britannique qui, dans une campagne, a invité en 2021 les entreprises et organisations du secteur à s’engager à garantir la précision et l’intégralité des métadonnées dès la création des enregistrements. Signe que « les choses bougent sérieusement, dans le bon sens ».
L’autre nécessité, pour les créateurs est, d’après lui, « un meilleur partage de la valeur ». Une revendication ancienne. Le président de la Cisac constate que des dizaines de milliers de nouveaux titres sont proposés chaque jour sur les services de streaming, ce qui « offre de merveilleuses opportunités », mais « n’en laisse pas moins un goût d’inachevé car [le streaming] n’a toujours pas résolu la question de sa capacité à faire vivre les créateurs de façon juste et équitable », souligne-t-il. Un rapport de la GEMA (l’équivalent allemand de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) sur le secteur du streaming musical outre-Rhin lui apporte des arguments en faveur de son combat sur la rémunération des auteurs.
Forte croissance structurelle des revenus du numérique
L’étude portant sur l’année 2021 montre une augmentation de 7,2 % des collectes de droits mondiales liées à la musique, à 8,48 milliards d’euros. Du mieux mais pas encore un retour à ce qui prévalait avant la pandémie de Covid-19. Ce résultat permet en effet d’inverser la baisse de 2020, mais reste inférieur de 5,1 % au niveau de 2019.
Cela s’explique par « la relance hésitante du live » – qui reste stable, à près de 1,49 milliard d’euros en 2021 (contre 2,7 milliards en 2019) – et par un léger déclin qui se poursuit depuis cinq ans dans les droits de la télévision et de la radio (- 1,8 %), mais conserve tout de même la part du lion (3,19 milliards d’euros).
La forte croissance structurelle des revenus du numérique s’affirme avec...
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