Le dispositif d’activité partielle mis en place pour les intermittents du spectacle ne prend pas en compte les spécificités de la musique classique. Pour dénoncer cette injustice, un collectif de 263 musiciens classiques indépendants signe une tribune.
Tribune. Tous les artistes interprètes dans le spectacle vivant voient aujourd’hui leur survie engagée dans la crise que nous traversons. Nous, solistes, chambristes et instrumentistes de la scène française de musique classique, ne faisons pas exception à cette règle. Il serait trompeur de nous imaginer protégés par les fonds publics dont bénéficient nombre de maisons qui nous accueillent, ou par la diversité des pays dans lesquels nous nous produisons.
Les circonstances exceptionnelles auxquelles nous sommes confrontés, avec un risque de fermeture prolongée des salles de concert, mettent en péril l’ensemble de notre profession. Au-delà de nos situations personnelles, les dangers à long terme sont réels : repli identitaire et protectionnisme induits par la fermeture des frontières, impossibilité pour les jeunes musiciens issus de milieux moins favorisés d’envisager une carrière…
Injustice
Nous n’avons pas l’habitude de nous exprimer par des mots. Notre langage est celui des notes, phrasés, articulations, coups d’archets… Il nous faut pourtant décrire et nommer une situation qui nous laisse sans voix. Puisque nous sommes désarmés. Comme tout le monde, face à cette pandémie, à ses deuils, à cette mystérieuse et redoutée deuxième vague.
Et bien sûr, démunis, au sens premier, c’est-à-dire, sans les ressources matérielles qui nous permettaient jusqu’alors d’assurer notre quotidien.
Celui d’avant était – est encore – fait de cette intimité avec les chefs-d’œuvre. Notre profession connaît ses joies et ses exigences quand il s’agit de répéter des heures, des jours, des mois, de se plier à cette discipline de tous les instants que réclame le métier de musicien que nous avons choisi d’embrasser corps et âme.
Métier. C’est bien de cela qu’il s’agit. Un métier avec ses considérations pratiques que nous ne pouvons ignorer.
Nous jugeons la situation inacceptable. Le décret du 14 avril, qui permet aux intermittents du spectacle d’être éligibles au chômage partiel, ne prend en compte aucune de nos spécificités et sonne comme une véritable injustice. La musique classique est-elle à ce point accessoire dans notre société pour laisser ses représentants ainsi à la marge ?
Manque d’équité
Nous saluons, certes, la mise en place du dispositif d’activité partielle pour les intermittents du spectacle. Compte tenu des incertitudes quant aux mois à venir, nous souscrivons à la pétition publiée par les collectifs Année Noire et Culture en danger, réclamant une « année blanche » pour la...
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