Un temps visé par une affaire de viol, classée sans suite, le metteur en scène Jean-Pierre Baro a renoncé à une création prévue dans trois théâtres français.
Mis en cause par le mouvement #metoothéâtre, le metteur en scène Jean-Pierre Baro, un temps visé par une affaire de viol, classée sans suite, a renoncé à une création prévue dans trois théâtres français.
Une source au Théâtre national de la Colline a confirmé à l’Agence France-Presse (AFP) l’information relayée ce week-end sur Twitter par la blogueuse de théâtre et militante féministe Marie Coquille-Chambel, qui a évoqué une « immense victoire contre les violences sexistes et sexuelles au théâtre ».
M. Baro aurait dû commencer sous peu les répétitions d’une pièce coproduite par la Colline, le Théâtre national de Strasbourg (TNS) et le Théâtre national de Bretagne (TNB). « Les trois coproducteurs [Wajdi Mouawad, Stanislas Nordey et Arthur Nauzyciel] ont reçu vendredi une lettre de Jean-Pierre Baro leur annonçant qu’il renonçait à sa création, car les conditions n’étaient pas sereines », a-t-on rapporté à la Colline.
Dans le document, que Libération a pu consulter, il écrit : « Vous m’avez tous fait part de vos craintes face à cette situation et à ses probables conséquences sur la réception du spectacle. […] Suite à nos échanges et en accord avec vous, je décide de suspendre la création de ce spectacle. J’ai lutté jusqu’au dernier moment contre cette décision. Mais il m’est humainement impossible de travailler à ce projet tout en protégeant ma famille et mes proches de cette pression incessante. » Sollicité par l’AFP, le metteur en scène n’était pas joignable dans l’immédiat.
Mouawad déjà épinglé par les féministes
La programmation de son spectacle par le directeur du Théâtre national de la Colline, Wajdi Mouawad, avait suscité l’indignation de militantes féministes. Elles s’étaient également mobilisées contre la proposition du metteur en scène de faire signer la bande-son de son spectacle Mère à Bertrand Cantat, condamné pour le meurtre de sa compagne Marie Trintignant.
A l’époque, Wajdi Mouawad avait justifié son soutien au spectacle de Jean-Pierre Baro dans un long communiqué : « L’attention due aux paroles des plaignants conjuguée à la lenteur des procédures judiciaires m’amène à penser que, si une personne programmée ou invitée au théâtre se trouve engagée dans une procédure judiciaire, je l’inciterai à se retirer de la programmation jusqu’à ce que le travail de la justice ait été mené à son terme. A ce jour, personne ne se trouve dans cette situation dans la programmation du Théâtre de la Colline. Je ne vois donc pas en quoi je devrais changer quoi que ce soit, ou demander à qui que ce soit de se retirer. »
Ancien directeur du Théâtre des Quartiers d’Ivry (Val-de-Marne), Jean-Pierre Baro avait quitté ses fonctions en 2019. Une plainte pour viol a été déposée contre lui en 2018 par une ancienne collaboratrice, pour des faits qui se seraient déroulés en septembre 2011. Elle a été classée...
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