Le collectif, qui aurait dû prendre la parole sur la scène des molières ce lundi soir, accuse l’organisation d’avoir censuré son discours. Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées devant le théâtre pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles dans le milieu.
«Pas d’honneur pour les violeurs.» Il est tout juste 21 heures quand les voix des militantes et militants s’élèvent face aux Folies Bergère. A l’intérieur du célèbre théâtre parisien, la cérémonie des molières suit son cours, s’attelant à récompenser le théâtre français. Entre deux remises de prix, le collectif #MeTooThéâtre aurait dû être sur scène ce lundi soir pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles. Finalement, c’est dans la rue que la lutte se joue, alors que le collectif accuse l’organisation des molières d’avoir censuré son discours. En réaction, un appel au rassemblement devant le bâtiment du IXe arrondissement a été lancé, pour «montrer qu’on est quand même là, et que notre parole est libre», insiste Marie Coquille-Chambel, membre fondatrice du collectif.
«On est peut-être mieux devant que dedans»
La cinquantaine de manifestantes et manifestants se pressent contre les barrières du théâtre. Marie Coquille-Chambel et Séphora Haymann, autre membre fondatrice, actrice et metteuse en scène, entament la lecture de ce qui aurait dû être dit face au gratin du théâtre français : «A chaque accusation de viol, la présomption d’innocence est brandie pour protéger les accusés. Les agresseurs doivent-ils être écartés du milieu théâtral le temps des procédures judiciaires, ou définitivement, ou pas du tout ? C’est cette question qui est cruciale pour les victimes», assène Marie Coquille-Chambel, doctorante et critique de théâtre.
Dès 19 h 20, avant même le début de la manifestation, trois militantes avaient été mises à l’écart par les forces de l’ordre le temps d’un contrôle. Pancartes confisquées, mais surtout portes de la cérémonie fermées, elles ont fini par rejoindre le groupe formé devant le théâtre. «On est peut-être mieux devant que dedans, sourit Séphora Haymann. Est-ce qu’on aurait vraiment pu pointer un dysfonctionnement en étant au cœur de cette fabrique ?»
Le collectif, invité à prendre la parole au cours des molières par son président, Jean-Marc Dumontet, avait proposé un texte dès samedi à l’organisation. Dans la foulée, «ils nous ont demandé de le réécrire», relate Séphora Haymann. Sans hésiter, les militantes décident alors de ne pas prendre part à la cérémonie. Dans le HuffPost, Jean-Marc Dumontet a de son côté affirmé que le collectif avait rendu un texte qui «dénonçait la présence de violeurs dans la salle, ce qui est une assertion totalement gratuite». Faux, insiste Séphora Haymann : «On a un texte objectif avec des chiffres vérifiables. Pour eux, on dépasse la ligne rouge en disant qu’il y a des violeurs dans la salle. Mais ce qu’on dit, c’est qu’il y a des personnes accusées de viol. C’est factuel.»
«On ne pourra plus dire qu’on ne savait pas»
Dans la foule, des personnalités comme Adèle Haenel ou Alice Coffin sont présentes. La conseillère de Paris, écharpe d’élue sur l’épaule, l’affirme avec fermeté : ce qui se passe aux Molières est un «exemple éloquent de comment on met sous silence la parole des militantes». «Les institutions ne prennent pas en charge le problème et, en plus, font taire celles qui font le travail à leur place», tonne l’élue écologiste...
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