Alors que les accusations visant le chanteur du groupe Rammstein font réagir jusqu’au gouvernement allemand, le festival Hellfest, qui se tient du 15 au 18 juin près de Nantes, assume mettre à l’affiche plusieurs artistes mis en cause pour des violences sexistes et sexuelles.
Berlin (Allemagne).De jeunes « groupies » droguées et agressées en backstage par une icône vieillissante du metal industriel, le tout via un système de recrutement des proies sur les réseaux Instagram, Facebook ou WhatsApp. Tel est le tableau écœurant que dessinent les enquêtes de presse sur le groupe allemand Rammstein et son chanteur Till Lindemann, réalisées conjointement par le quotidien Süddeutsche Zeitung et les chaînes publiques WDR et NDR.
Alors que le premier concert munichois de la tournée européenne du groupe allemand le plus célèbre au monde (35 millions de disques vendus) s’est tenu mercredi 7 juin, donnant lieu à une manifestation d’une cinquantaine de militantes féministes, le monde musical et médiatique allemand est en ébullition. Sur les réseaux sociaux aussi, les mots-dièses #Rammstein et #Lindemann battent des records d’audience, avec des échanges enflammés entre fans fidèles et déçus.
Fait absolument inhabituel pour ce groupe qui joue systématiquement à guichets fermés, le nombre de places de concerts disponibles sur les plateformes de revente est exceptionnellement élevé.
Interrogé au journal télévisé de l’ARD, l’un des auteurs de l’enquête, Daniel Drepper, rappelle qu’en l’absence de condamnation judiciaire, la présomption d’innocence prévaut tant pour le groupe que pour son chanteur, mais estime disposer d’indices graves et concordants : « Nous avons parlé avec plus d’une douzaine de femmes qui nous ont décrit ce système de manière très détaillée. Les témoignages de ces femmes ont été formalisés par des déclarations sous serment. Nous les avons aussi recoupés auprès du personnel présent sur place au moment des faits. Nous avons enfin analysé une multitude de messages et d’échanges sur des groupes WhatsApp. »
Pour le recrutement des jeunes filles, c’est la « directrice de casting » russe de Rammstein, Alena Makeeva, qui occupait une position centrale en sélectionnant des filles sur la base de photos ou de vidéos, afin que Till Lindemann puisse faire son choix. Celle-ci aurait ensuite désigné les quelques « élues » retenues, rassemblées dans le « row zero », soit le premier rang devant la scène, pour rencontrer la star.
Shelby Lynn, 24 ans, a été la première à témoigner sur Twitter et Instagram. Cette Irlandaise accuse l’équipe de Rammstein de lui avoir fait ingérer du GHB (psychotrope aussi surnommé « drogue du violeur ») lors de leur spectacle à Vilnius (Lituanie), le 25 mai, avant d’être emmenée en coulisses, où elle serait finalement parvenue à refuser des relations sexuelles avec Till Lindemann. Shelby Lynn n’a pas porté plainte mais la police lituanienne enquête et doit prochainement décider si elle ouvre une procédure contre le chanteur.
Il y aussi le cas de...
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