Dans le cadre du forum Eurocities de la capitale du Nord, une vingtaine de villes européennes ont signé jeudi un pacte d’intention pour rendre leur secteur culturel plus écoresponsable et accessible.
Jeudi, alors que se tient à Lille le forum Eurocities, un brainstorming géant réunissant 200 villes européennes, Martine Aubry a lancé à un appel «pour une culture moins carbonée et plus inclusive». Et ça vaut ce que ça vaut, mais il a d’ores et déjà été signé par 20 villes européennes, dont Turin, Dresde, Valladolid, Liège ou Glasgow. Et la liste pourrait s’allonger dans les prochaines heures. Alors que nombre de musées entament leur examen de conscience, proposant, comme l’a fait récemment le Palais de Tokyo et les musée et théâtre de la Colline de Chaillot à Paris, d’épouser le modèle plus écoresponsable de la permaculture, les politiques culturelles des villes se mettent elles aussi au vert. Mais elles le font en indexant à cet horizon durable une clause en matière d’inclusivité. En clair, à Lille, où le budget culture conséquent (50 millions d’euros) est fléché pour un tiers sur l’éducation artistique, il s’agit de garder un cap social et de conjuguer une politique culturelle responsable en matière d’empreinte écologique autant qu’accessible à tous. Hasard de calendrier, cet appel est lancé quelques semaines après la polémique suscitée par l’annonce de la fermeture des musées strasbourgeois deux jours par semaine en raison de la crise énergétique. La décision de la maire écologiste, Jeanne Barseghian, a provoqué un tollé dans les milieux culturels et dans l’opposition qui dénonce une atteinte au service public.
Baisse de températures et dons de costumes
A l’occasion d’un petit-déjeuner de presse organisé la veille du forum culturel, Martine Aubry, en cheffe d’orchestre vigoureuse, est longuement revenue sur le travail de fond mené dans sa ville depuis l’expérimentation de Lille 2004 capitale européenne de la culture, qui mettait en ordre de bataille tous les établissements culturels autour d’un thème. Depuis, chaque année, tous les acteurs culturels de la ville ou presque se mettent autour de la table pour mettre à leur sauce le mot d’ordre partagé. Il s’agit d’une forme «d’acculturation», explique la maire de Lille. La saison Utopia s’achève justement ce week-end.
Parmi les grandes priorités brandies par l’appel pour «une culture moins carbonée», le réemploi des matériaux, l’économie circulaire, la mobilité durable, l’optimisation énergétique des bâtiments culturels et l’exploitation du potentiel du numérique comptent parmi les grands chantiers en cours ou à venir.
A Lille, on peut d’ores et déjà se targuer d’avoir fait baisser la facture énergétique de 40% et d’avoir voté un pacte «bas carbone» qui implique tous les promoteurs et bailleurs de sociaux qui, s’amuse la maire, «nous parlent désormais biodiversité avant de nous dire ce qu’ils vont construire». Et pas besoin de fermer les musées un jour supplémentaire, ironise encore la maire PS qui, aux dernières municipales, a bien failli se faire damner le pion par les écolos. Car à Lille, contrairement à Strasbourg, on a devancé les recommandations gouvernementales et les salles d’expositions temporaires sont depuis une semaine chauffées à 18 degrés. Ce qui devrait conduire à une baisse de 7% de la consommation d’énergie. «Des études européennes sont également en cours pour évaluer la nécessité de maintenir à 21 degrés les salles des collections permanentes pour préserver les œuvres d’art», précise la maire de Lille, qui vante le réemploi des décors et scénographies au Théâtre du Nord, à l’Opéra de Lille et dans les musées de la ville, ou encore le don des costumes de l’opéra à de jeunes compagnies régionales.
Avancer l’heure des spectacles
Le recyclage urbain est à la mode aussi, à l’image de cette ancienne pouponnière transformée dans le quartier de Wazemmes, à Lille, en résidence pour jeunes artistes. Quant à la question de la mobilité des publics et des expositions, un chantier en soi, Martine Aubry s’appuie sur l’initiative de la salle de concert culte de Lille, l’Aéronef, qui a mis en place un programme appelé «Aero Easy Go» visant à inciter et faciliter la venue des publics par le biais des transports publics et du covoiturage. L’idée d’avancer l’heure des spectacles pour permettre aux...
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