Si les deux établissements publics ont enregistré de fortes pertes dues à l’annulation de spectacles, le théâtre privé a limité la casse.
L’incidence des grèves contre la réforme des retraites, depuis le 5 décembre 2019, sur les sorties parisiennes s’apparente, dans le pire des cas, à l’Opéra de Paris, à une pièce dramatique et, dans un scénario plus rose, à une baisse de fréquentation moins forte que prévu dans les théâtres privés. Pour les musées, le Louvre, bien seul, affirme que « les grèves de décembre et [l]es manifestations des “gilets jaunes” n’[ont] pas eu d’effet sur la fréquentation, compte tenu du profil très atypique de [son] public, constitué à 75 % d’étrangers ». Les alléchantes données disponibles sur les cinémas – hausse de 7 % en décembre au niveau national – ne permettent pas encore d’analyse en ce qui concerne la capitale.
L’Opéra de Paris apparaît, de loin, comme le plus touché. Les personnels de l’institution sont directement concernés par la réforme des retraites, puisqu’un régime dérogatoire permet aux musiciens d’y accéder à 60 ans, aux artistes de chœur ainsi qu’à certains techniciens, à 57 ans, et aux danseurs, à 42 ans. Ce qui explique l’intense mobilisation dans toutes les catégories de personnel. Si les grèves des techniciens de l’Opéra de Paris n’ont rien d’exceptionnel, celles des danseurs restent, en revanche, rarissimes. Or c’est bien pour défendre leur régime de retraite qu’ils sont descendus dans la rue.
Cette crispation s’est traduite par un nombre phénoménal de représentations annulées, jour après jour comme un jeu de dominos. Au total, 63 spectacles ont été déprogrammés dans les trois salles (Bastille, l’amphithéâtre et l’Opéra Garnier). Du jamais-vu depuis trente ans. La perte nette en billetterie s’élève, depuis le 5 décembre, à 12,3 millions d’euros. Ce qui hypothéquera des...
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