Face aux violences sexistes et sexuelles, comment réagit-on au Conservatoire national supérieur d’art dramatique ? Chacun, dans l’école, a son idée sur la façon de se battre. Quant à sa directrice, Claire Lasne Darcueil, elle n’a pas attendu le séisme #MeToo pour faire évoluer l’établissement.
Il fut, il y a quelques décennies encore, une institution patriarcale, blanche et bourgeoise. Les élèves les plus jolies y jouaient les jeunes premières, les autres se partageaient le peu de rôles qui restaient. Cet automne, alors que #MeTooThéâtre fait trembler les planches, le Conservatoire national supérieur d’art dramatique a clairement choisi son camp. Le changement contre le conservatisme. Sur ses murs, on peut lire : «Quel gâchis que tu sois lesbienne», «T’as de l’ambition pour une femme», «C’est trop cucul, c’est féminin»… Des «mots de trop» rassemblés par des étudiantes en écoles d’art. Plus loin, une affiche invite victimes et témoins de violences sexuelles à contacter le numéro vert du ministère de la Culture.
Claire Lasne Darcueil, première femme à diriger le Conservatoire depuis sa création, en 1784, n’a pas attendu #MeTooThéâtre pour révolutionner l’école. Dès sa nomination, fin 2013, cet «animal militant» a diversifié les promotions. En termes de couleurs de peau, de classes sociales, de physiques. «À mon arrivée, le Conservatoire n’avait pas de costume féminin au-dessus de la taille 36-38…» En 2018, une charte «égalité femmes-hommes» est rédigée sur la base d’une étude menée au sein de l’école par une ancienne élève, autrice d’une pièce sur les violences faites aux femmes. Le texte acte l’abolition des «emplois», qui indexaient la distribution des rôles au physique des interprètes. «L’autre avancée de cette charte, que tout le monde doit signer, est de permettre aux candidats au concours de s’inscrire en tant que femme, homme, ou non binaire pour ceux qui ...
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