Le Japon, pays mélomane par excellence, s’avère une étape essentielle pour les musiciens classiques possédant ou recherchant une stature internationale. Chaque tournée demande toutefois une préparation délicate, tant au plan logistique qu’artistique.
Après plus de deux années de crise sanitaire, le Japon rouvre progressivement ses portes depuis un an. Ce dont se réjouissent les musiciens occidentaux. « Le pays possède les plus belles salles de musique au monde, souligne René Martin, directeur artistique de la Folle Journée de Nantes, qui est également implantée au Japon depuis 2005. Les plus grands acousticiens sont japonais. Il y a un grand savoir-faire de ce côté mais aussi du côté de l’architecture. »
Des conditions rêvées donc, pour se produire, auxquelles s’ajoute un grand confort sur place, notamment par un réseau de transports à la pointe où circule le Shinkansen, le train le plus rapide du monde. Des éléments appréciables, mais qui n’empêchent pas de devoir partir en tournée préparés, financièrement et mentalement.
Car les tournées au Japon sont aussi parmi les plus coûteuses. « Prenons pour exemple un quatuor français : le prix du billet d’avion représente plusieurs centaines d’euros pour chaque musicien, ainsi que pour les instruments type violoncelle ou contrebasse, détaille René Martin. Puis, la navette pour parvenir à Tokyo coûtera jusqu’à 200 euros, là aussi avec le transport des instruments. Les hôtels, ensuite, sont très chers. Puis, si vous vous produisez dans plusieurs villes, il faudra à nouveau compter des billets à 200 ou 300 euros pour emprunter le Shinkansen… »
La Folle Journée, qui fait venir près de 600 artistes, prenant en charge les billets d’avion mais aussi les repas et l’hébergement sur place, s’appuie quant à elle sur de solides mécènes japonais, parmi lesquels la compagnie d’assurances Meiji Yasuda, la compagnie de gaz Mitsubishi ou encore le groupe pétrolier Inpex.
Les ensembles qui partent en tournée au Japon s’organisent donc souvent pour se produire dans plusieurs pays voisins. Néanmoins, pour Clément Ledoux et Clémentine Richard – qui ont fondé l’Agence, qui accompagne des artistes tels que Léa Desandre, Marc Mauillon, Thomas Enhco ou encore le quatuor Arod –, le coût important des tournées japonaises reste à nuancer.
« Pour la musique de chambre, le voyage représente en effet un gros budget. Mais il faut souligner que les cachets sont importants et que l’on peut rationaliser en faisant d’autres dates dans des territoires proches. Par ailleurs, l’on voit aussi des chefs ou des interprètes invités par des orchestres dont le voyage est pris en charge. »
Les artistes qui se produisent au Japon peuvent cependant aussi trouver des ressources du côté des instituts français. L’engouement pour la musique classique en fait un levier de diplomatie culturelle plébiscité par la France.
« La culture permet de trouver un terrain où apaiser les tensions diplomatiques, rapporte Jean-Louis Gavatorta, directeur général de l’Orchestre des Champs-Élysées (OCE). En Asie, l’un des exemples les plus frappants est celui de la...
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